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Brain Slave

Prologue 1 : Seul contre tous [4/8]

 

     "Tient, Shrila... Pour toi."
Djeffh soupire :
-"C'est merdique ! Allez, trouve un truc... Shrila, c'est un cadeau... Pour te remercier... ?"

Il fait nuit, encore sur la route vers le village à bord de sa FSO, Djeffh réfléchit à une manière d'aborder son amie, et essaie, en vain, de trouver comment offrir ce bijoux.
Il frappe d'un coup de poing le volant :
-"Et merde ! Je trouverai bien quoi dire le moment venu !"
Djeffh accélère, et empreinte une petite route qui le conduit droit au village.

Lorsqu'il arrive devant la maison, il sort du véhicule, reste droit debout quelques secondes, respire fort, comme pour se concentrer, avance, puis ouvre la porte.
-"Shrila?"
Il monte à l'étage, prend le grand couloir et entre dans la chambre de la jeune fille, mais elle est vide.
-"Hé, je suis revenu !"

Après quelques minutes à la chercher, il comprend qu'elle n'est pas dans la maison.
Il s'installe alors sur une chaise, pensif, ne sachant pas où aller pour la trouver.
Quelqu'un entre par la porte d'entrée, et une voix d'homme dit :
-"Djeffh, tu es là?"
Il descend l'escalier, et trouve Gustaw, le garagiste.
-"Gustaw, où est Shrila?!"
-"Elle est partie... Elle s’inquiétait pour toi, et est partie à ta recherche, avec la camionnette... J'ai essayé de la convaincre de rester, mais..."
Djeffh, fou de rage, s'approche de l'homme et l'attrape par la chemise, puis le soulève du sol de ses puissants bras :
-"Tu l'as laissé partir? En pleine nuit ?! Pauvre idiot !"
Djeffh le plaque violemment contre le mur de toute sa force, puis le lâche. Le garagiste pousse un cri de douleur et s'étale sur le sol.
Il sort énervé de la battisse, et regarde partout autour, très en colère. Il aperçoit une vieille dame en chemise de nuit devant une maisonnette en bois, et s'approche d'elle en courant :
-"Où est Shrilla?!"
La femme, surprise, le regarde et lui répond d'une voix fragile :
-"Calmez vous, voyons, que vous arrive t-il?"
Djeffh, visiblement insatisfait de la réponse, lui donne une énorme gifle, qui éclate la mâchoire de la vieille dame en sang. Il respire très fort, par accoue, comme un taureau en furie prêt à charger. Il fonce jusqu'à sa voiture et la démarre.

Arrivant devant le garage, il remarque les traces de pneus de la camionnette, facilement reconnaissable par sa forme. Il part à la recherche de son amie en pistant la moindre marque.
Ces dernières le conduisent à une grande route, c'est à cet endroit que les marques sur le sol se dissipent. Djeffh descend de la voiture et s’accroupit, à la recherche de la moindre trace, du moindre indice, mais ne trouve rien. Son esprit le torture, il est extrêmement énervé, surtout contre lui même, et s'en veut de ne pas l'avoir mieux protégé. Il se relève, respire quelques secondes et hurle de toute ses forces. Le cri résonne dans l'espace alentour.

Il ne sait plus quoi faire, sa rage l’empêche de réfléchir, son esprit le torture à nouveau. Djeffh se sent mal, quelque chose, comme une douleur au ventre persistante. Sa vision devient trouble, il s'allonge au sol.

Le temps s’arrête autour de lui. Une scène défile dans sa tête, elle lui revient à l’esprit sans qu'il ne sache ce que cela signifie.

Djeffh est au volant d'une voiture, une ombre est assise sur le siège passager. Soudain, ils accélèrent, comme s'ils en avaient perdu le contrôle. Le véhicule percute une barrière et dérape dans un champ. Le choc est très violent, la voiture fait des tonneaux, des pièces s'arrachent de la carrosserie. Il y'a des flaques de sang partout... Des cris... Un corps avec un morceau de métal traversant son bas ventre, ensanglanté, mort, au sol...

Le temps redémarre.

Djeffh se relève, perturbé par cette terrifiante vision du passé, d'une violence extrême.
Il entend des voix dans sa tête, ne comprend pas ce qui arrive, les larmes lui montent aux yeux, ses émotions se bousculent, entre colère et tristesse intense, son cœur bat très vite. L'une des voix, féminine, s’intensifie et devient compréhensible. Elle répète sans cesse :
-"Djeffh... Ne m'abandonne pas... Djeffh..."
Il tombe a genoux au sol, en état de choc :
-"Pardonne moi ! Je t'en supplie pardonne moi !"
Djeffh est en transe, complètement secoué par l’événement, et s’évanouit sous le poids des ses souvenirs resurgissant du passé, qu'il ne comprend pas.

Le jour se lève, il sent la chaleur des rayons sur sa peau.
Des personnes discutent à proximité, il les entend, qui semblent être en désaccord. L'un d'eux, avec une voix plus grave et rauque, semble s'adresser à Djeffh :
-"Lève toi. Tu entend? Essaie de te relever !"
Djeffh ouvre les yeux, et est éblouit par la lumière du jour. Il couvre ses yeux avec son bras.
Il discerne mieux les voix, une seconde dit :
-"On devrait l'abattre. C'est qu'un vagabond, regardez comment il est fringué."
-"Non. On ne tue personne. Pas sous mes ordres." répond la voix grave.
Djeffh se relève, aidé par l'homme qui le tire par le bras. Il ouvre les yeux, encore aveuglé par l'éclat du soleil.
-"Qui es tu?", Demande t-il.
Djeffh ne répond pas, essayant de discerner les visages. Quatre personnes sont faces à lui. Le plus proche, l'homme à la voix rauque, est âgé d'environ 30 ans ou 35 ans, le visage fin, abîmé de cicatrices, avec une barbe de poils frisés mal rasé. Il remarque sa tenue : c'est un garde du KBW.
-"Qui es tu?", demande une nouvelle fois le soldat.
-"...Djeffh..."
-"Que faisais tu ici, au milieu de la route?"
-"Je..."
-"Butons le bordel, vous voyez bien qu'il est pas net !"
Un soldat dégaine son makarov et le pointe sur Djeffh.
-"Non ! Baisse cette arme, ou je te garanti que je te poignarde jusqu'à ce que tu te vide entièrement de ton sang !" hurle le soldat barbu.
-"Ou... Oui."
-"Oui qui? !"
-"Oui... Capitaine."
Il se retourne vers Djeffh et le questionne :
-"Où habites tu?"
-"... Une maison... dans le village là bas."
Il lui montre la direction du doigt.
-"Bien. Soldats, retournez auprès du groupe, moi je le raccompagne chez lui."

Djeffh s'approche de sa voiture, s’apprête à monter, mais le capitaine l'attrape par l'épaule et lui fais signe de prendre la place passager.
Le soldat démarre le véhicule et fait demi tour sur la route, puis prend une sortie qui les conduit directement au village. Une fois sur place, Djeffh lui indique le chemin vers la maison.

Ils se garent derrière. Les deux hommes descendent et le capitaine lui fait signe d'entrer.
-"Tu vis seul ici?"
Djeffh regarde autour de lui, et ne voit pas Shrila.
-"Non... Avec une amie."
-"Bien. Où est-elle ?"
-"Je ne sais pas... Dans le village, j'imagine..."
Il est inquiet de ne pas trouver la jeune fille dans la maison, il glisse sa main dans sa poche droite, et sert le collier de rubis très fort, espérant la retrouver rapidement, pour lui offrir.
-"Nous allons attendre ton amie ici. Qu'est ce que tu as dans ta main?"
Djeffh sort délicatement le bijoux.
-"C'est... Pour mon amie."
Le soldat est visiblement surpris, et le dévisage du regard.
-"Il y a eu un braquage hier soir, dans une bijouterie."
Djeffh baisse la tête, ne semble pas vouloir répondre aux accusations du Capitaine.

Soudain la porte s'ouvre brusquement :
-"Djeffh, tu est là?!"
Il se tourne, et voit son amie, à l'entrée. Shrila accourt vers lui, et le prend dans ses bras, le sert très fort.
-"Djeffh, j’étais tellement inquiète !"
Il semble soulagé, toute les craintes et les peurs, les choses terribles qu'il a pu s'imaginer, s’évaporent.

En voyant cette scène, le soldat oublie ses mauvaises pensées à l’égare de Djeffh. Il passe discrètement à côté d'eux, sort de la maison, et ferme la porte délicatement.

-"Shrila... J'ai quelque chose... J'ai ça, pour toi..."
Il lui tend le collier de rubis en tremblant, baisse la tête.
La jeune fille semble stupéfaite, émerveillée par la beauté et la couleur de l'objet. Elle prend le bijoux dans ses mains.
Shrila remarque tout l'effort qu'a fait Djeffh, elle sait à quel point son passé oublié est douloureux pour lui, et elle imagine la difficulté de son geste. Elle le prend à nouveau dans ses bras.
-"Merci... Tu est formidable."
Elle l'embrasse sur la joue, et lui demande :
-"Tu veux bien m'aider?"
Djeffh est intimidé.
Shrila lui tend le bijoux et se tourne.

Il prend délicatement le collier entre ses doigts, le passe autour du coup de la demoiselle.
Après quelques seconde, elle le sent gêné :
-"Qui y a t'il?" demande Shrila.
-"Je crois que... J'ai des trop gros doigts pour fermer la boucle."
La jeune fille ricane, essaie tant bien que mal de se retenir, mais finit par s'esclaffer de rire.
Djeffh sourit.
Pour la première fois de sa vie, les choses semblent enfin bien se tourner. Jamais auparavant il n'avait été aussi proche de quelqu'un. Pourtant, ce souvenir qui est remonté à la surface l'intrigue et le perturbe. Il ne sait pas quoi en penser.

L'après midi passe. En début de soirée, Djeffh trouve un livre, avec des photos collées à l'intérieur. Ce sont de vieilles images. Il voit sur l'une d'elle, Shrila quand elle était enfant avec deux adultes, un homme et une femme, sûrement ses parents. Cette photo n'a sans doute pas était prise en Pologne, vu le paysage.

Quelqu'un cogne à la vitre.
La jeune fille arrive dans la pièce, remarque un vieil homme en larmes dehors, et lui ouvre la porte. Le vieillard tombe dans les bras de la jeune fille et lui dit quelque chose en marmonnant, visiblement très touché par une effroyable nouvelle. Shrila semble sous le choc de ce que lui annonce l'homme.
Elle ferme la porte, sans prononcer un mot.
Djeffh se met debout, regarde Shrila, abattu.
Elle lève la tête :
-"Mme Tokarz... Elle est morte...". Elle ne résiste plus à la tristesse et s'effondre en larmes.
Il la prend dans ses bras, passe sa main dans ses cheveux.
Djeffh a compris. Il le sait. Cette femme décédée, c'est lui qui l'a tué hier soir. Il ne l'a pas voulu, mais sa colère, Djeffh ne peut pas la maîtriser.

Shrila essaie de se contenir :
-"Elle... Elle a été assassiné... Et Gustaw, il a été agressé aussi. Il est tombé... dans le coma..."

Elle reste durant de longues minutes dans les bras de Djeffh, qui ne sait pas quoi penser : doit il regretter son geste, ce meurtre qu'il a commis, ou bien alors se réjouir du fait que Gustaw, le seul qui aurait pu l'accuser, soit tombé dans un coma peut être pour toujours?
Ce sentiment le travaille, le fait réfléchir, mais il se décide à essayer d'oublier, de laisser ça derrière lui et de profiter de l'instant présent.

La soirée passe, dans le calme. Shrila est très touchée par cette nouvelle et Djeffh le sais. Il lui faudra plusieurs jours pour s'en remettre. C'est peut être l’occasion pour lui de montrer qu'il tient à elle et qu'il est là pour l'aider dans des moments difficile comme celui ci. Cette idée le réjouie, mais il ne sait pas quoi faire, il ignore totalement comment lui montrer son soutien.
Et ces images du passé qui passent en boucle dans sa tête le troublent encore et toujours. Il aimerait en discuter avec Shrila, s'ouvrir à elle, comme un premier pas. Mais il a peur. Peut être n'est ce pas le bon moment.

Les heures passent, la nuit est tombée. Impossible de dormir avec tant de questions sans réponses . Djeffh a besoin d'air. Il décide de sortir marcher, mais au moment de franchir la porte, il ne peut pas. Il se refuse de partir, de laisser Shrila seul, même quelques minutes.
Lui qui était si dur, si froid et qui ne portait aucun intérêt aux êtres humains, n'ayant aucune pitié pour qui que ce soit, a bien changé.
Djeffh monte l'escalier, et entre dans la chambre de la jeune fille discrètement. Elle dort, allongée, les bras et les jambes serrées. Il s'assied à côté d'elle, en faisant attention à ne pas la réveiller. Il reste à ses côtés pendant de longues minutes sans bouger, les yeux fixé sur son visage.

Le lendemain, au levé du jour, un bruit sourd résonne à l'extérieur, qui réveille Djeffh et Shrila. Deux coups de feu sont tirés et on peut entendre les cris paniqués des villageois.

Ils descendent et accourent vers la fenêtre, voient des dizaines de gardes du KBW et un énorme char d'assaut. Le canon mobile tourne lentement en direction d'une vieille maison et tire un boulet qui détruit la baraque dans une incroyable explosion très violente. Assistant à la scène, Djeffh est paniqué, et commence à imaginer le pire pour le village qu'il aime :
-"Non ! Arrêtez !"
Il sort de la maison, et fonce en direction du char, mais un homme l'attrape et le plaque au sol. C'est le Capitaine. L'homme barbu lève la tête vers la jeune fille au seuil de la porte et lui ordonne :
-"Nous devons partir d'ici immédiatement !"
L'homme relève Djeffh par le bras et lui fait signe de foncer vers la FSO, Shrilla rejoins le Capitaine en courant, et ils montent tous les trois en voiture.
Djeffh prend le volant, démarre et accélère.
Le tank tire une deuxième fois, les cris de paniques s’intensifient.
Ils empruntent une petite rue à toute vitesse mais une voiturette militaire les a repérés et leur bloque l'accès.
Djeffh braque à fond à gauche pour esquiver le véhicule, réussi à les dépasser, contre braque puis ajuste pour se remettre droit sur la route, accélère et passe la troisième vitesse, suivi de la quatrième.
La voiturette les poursuit, à une trentaine de mètres, le soldat du côté passager passe son bras par la vitre et tire dans le tas. Il rate ses deux premiers tirs, mais le troisième touche et casse le pare-brise arrière. Shrila crie, terrifiée, et se baisse. Le capitaine sort son makarov de son étui, et dit à Djeffh :
-"Avance en zigzag pour qu'ils ne puissent pas nous toucher ! Je m'occupe d'eux !"

L'homme vise, très concentré, et tire une balle parfaite, en pleine tête du soldat armé. Le conducteur de la voiturette prend panique, freine de toutes ses forces, dérape et termine sa course dans un fossé.
Ils ont réussi à les semer, mais pour combien de temps.
Djeffh demande, furieux et stressé :
-"Qu'est ce qu'ils nous veulent ?!"
Le capitaine range son arme.
-"Ils te cherchent. Je sais que tu étais dans la bijouterie le soir du braquage, et eux aussi le savent visiblement !"
Shrila, qui a entendue la conversation :
-"Tu as braqué une bijouterie?!"
Djeffh se sent mal.
-"... Non. J'étais là quand c'est arrivé... Mais je n'ai..."
Le capitaine lui coupe la parole :
-"Un homme de Miemsky a braqué la bijouterie."
-"Miemsky? C'est un sorte de groupe mafieux?" demanda Shrila.
-"C'est une façon de voir les choses. Une mauvaise façon."
Djeffh tremble encore, sous le choc. Il le questionne :
-"Pourquoi... Pourquoi vous nous aidez? Vous êtes du KBW... Non?"
-"C'est vrai. Du moins jusqu'à aujourd'hui je l'étais. La politique a changée. Je ne suis pas très heureux de servir un état communiste, mais maintenant qu‘un salopard envoyé par les Russes veut prendre le pouvoir, je me refuse de l‘aider. Nous avons exécuté trop d'innocents... Je ne supporte plus ça. Quand je vous ai vu, tout les deux, j'ai compris que les personnes qu’on a tuer ne sont pas des criminels, mais des gens avec des valeurs, des gens qui vivent, aiment... Des humains. Le KBW, ce sont eux les vrais criminels."
-"Mais alors pourquoi en veulent t'il à Djeffh? Il est innocent, non?" demande Shrila, perdue.
Le capitaine tourne sa tête vers lui, Djeffh acquiesce, et s’arrête sur le bas côté. Il regarde Shrila dans les yeux, et lui dit, nerveux :
-"J'ai tiré sur plusieurs soldats..."

Elle n'en revient pas, Shrila est abasourdie par cette révélation.
-"Tu... Les a tués? De sang froid?"
Le capitaine intervient, et prend sa défense :
-"De toutes manières il n'aurait pas eu le choix. Le KBW l'aurait abattu s'il n'avait pas agit, car il a été témoin de la scène. Les soldats l'auraient exécutés sur place pour éviter qu'il ne les dénoncent et leurs fassent une mauvaise réputation, bien qu‘ils ne soient plus vraiment à ça prêt..."

Shrila est troublée. Elle ne veut pas croire que Djeffh soit un criminel. Pourtant, c'est la seconde fois que celui ci lui avoue avoir commis un meurtre.
Le capitaine poursuit :
-"Je sais que sa va être dur, mais les choses ont changées, nous vivons dans un pays dirigé par des dictateurs assoiffés de sang et de pouvoir, mais l‘heure de la vengeance a sonnée, la Révolution est en marche. Tant que nous serons recherchés, nous devrons nous cacher. Et nous devrons sans doute tuer pour sauver notre peau... Au fait, je suis le Capitaine Suleyman Yildirim. Mais vous pouvez m'appeler Sul'."

 




01/02/2014
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