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Brain Slave

Prologue1


Prologue 1 : Le loup [1/8]

 

 

     Sept heures du matin, quelque part en Pologne, en ce froid mois d'hiver, un corps, allongé sur la paille.

Après quelques mouvements lancé au hasard en l'air, comme pour chercher un objet, une barrière, quelques chose pour s'agripper, il se lève, péniblement, semble perdu, et ne pas savoir où il est.

Des bruits de pas provenant de l'extérieur, la neige qui croustille, une vieille dame ouvre la lourde, grande porte en bois de la grange. En baissant les yeux, elle l’aperçoit et lui dit :

-"tu étais donc ici. Papy et moi te cherchons depuis une demi heure !".

 

Les deux personnes âgés semblent connaître le garçon mais lui ne sait plus qui ils sont.

 

Il est atteint d'une amnésie irréversible, et vie dans cette paisible maison de campagne, construite de vieille brique et de bois, datant probablement des années 1920, et n'ayant, par chance pas subit les dégâts du temps et de la guerre.

 

Le jeune homme est pensif, assis sur un vieux siège de cuir noir, et serrant une boule en mousse dans sa main. Le bruit d'une moto passant devant la maison se fait entendre. Quelque chose se produit, il semble mal à l'aise, perturbé par le raisonnement puissant du deux roues, il sent sa tête lourde, comme si les vibrations allez la faire exploser. Il se lève soudainement, attrape la lampe sur le bureau et la projette contre le mur.

C'est une crise de colère, il commence a frappé tout les objets autour de lui, il n'a plus le contrôle de son corps. Le vieille homme se précipite et arrive dans la pièce, s'approche du garçon et lui parle :

- "Djeffh, arrête ! Calme toi mon grand, ça va aller, ce n'est rien, ce n'est rien.", avançant vers lui comme pour lui montrer qu'aucun danger n'est présent.

Djeffh se calme petit à petit.

La journée, puis la nuit passe.

 

 

Le lendemain, tôt le matin il sort de la maison, prend une petite route de terre enneigé et marche dans un champs, puis arrive au niveau d'une forêt. Il remarque au loin un loup, masqué par le brouillard et les quelques flocons tombant, et essai de s'approcher doucement de lui, le regard fixe dans sa direction.

Après quelques minutes, il arrive a son niveau, s’accroupit et pose délicatement sa main sur la tête de l'animal pour le caresser. Le loup relève les yeux et le regarde.

Soudain, une voix cri
-"Attention !"
Puis un coup de feu retentit !

Un chasseur vient de tirer sur la bête, sous les yeux de Djeffh.

Il s'effondre, et s'affale à côté du corps de l'animal, semble abattu.

L'homme lui dit :
-"vous êtes dingue ou bien? C'est un loup ! Ces bêtes la, y en a pas pour longtemps avant qu'elle vous bouffe !".

Sa main est taché du sang de la bête.
Il l'approche de son visage, et l’essuie sur sa joue, se relève, s'approche de l'homme d'un pas lourd.

Le chasseur poursuit :
"Qu'est ce qui ne va pas chez vous, hein? Sans moi, il vous manquerai la moitié du visage !",
Djeffh, impulsif, l'attrape d'une main à la gorge, et de sa forte poigne lui arrache d'un coup sec la pomme d’Adam. Le chasseur tombe au sol à l'agonie.

Djeffh recule, puis s'en va. Il arrive près d'un ruisseau, brise la fine couche de glace et essuie son visage. Son cœur bat très vite, une tristesse hors norme l'envahi, il cri et des larmes s’échappent. Le jeune homme s'évanouit sur le sol.

 

A son réveil, la nuit est tombé, glaciale et noir, comme les pensés du jeune homme. Il rentre dans la maison des deux vieillards, qui lui demandent, inquiets, ou il était et s'il va bien. Djeffh les dépasses, sans leur lancer le moindre regard, sans répondre et monte à l'étage, dans la chambre, se coucher.

 

Le jour suivant, djeffh se lève à nouveau tôt le matin, de petit flocons de neiges tombe dehors, et s'entassent sur la precèdente couche.
Le jeune homme ouvre une porte et descend un escalier.
Il arrive dans une pièce sombre, sale et poussiéreuse avec des vieux cartons empilés, des livres, des photos, et de vieux objets abîmés. Après avoir traverser la pièce, il entre dans une sorte d'atelier, ou se trouve de nombreux des objets de bricolages, une caisse à outil, un étau, une scie circulaire et des accessoires divers. Le vieille homme s'y trouve, et est en train de travailler sur une voiture.
En voyant Djeffh arriver, il décide de discuter avec et lui dit :
-"bonjour. Comment te sent tu ce matin? Le joint de culasse à lâché, je savais qu'il y aurait des dégâts, mais la, elle est irrécupérable, bon dieu.".
Djeffh tourne en rond dans l'atelier et observes les outils.

-"J'ai cette voiture depuis mes 18 ans, je ne m'en suis jamais séparé ! Autant te dire qu'aujourd'hui, tu n'en trouvera jamais une comme celle ci !", continu le vieillard.

Djeffh trouve une pelle, lance un regard vide au vieille homme, s'approche de lui, ramasse une boussole et prend le briquet dans la poche de sa veste en jean, puis s'en va.
Il retourne dans la forêt, et trouve le corps du loup, ainsi que celui du chasseur quelques mètres à coté, qui n'est pas mort et qui s'étouffe avec son propre sang.
Il prend la pelle à deux mains, creuse un trou, à proximité du cour d'eau, attrape délicatement le cadavre du canidé, puis l’allonge dans la fosse. Avec la boussole, il cherche une direction, puis dirige la tête du loup, vers le sud.
Djeffh sort un petit sachet en tissu de sa poche, qu'il ouvre, puis dépose doucement deux feuilles de Santal sur le corps abîmé et couvert de sang séché.
Il s'approche du loup, baisse la tête, comme pour s'excuser, et l'enterre.

Après quelques instants, il s'approche du chasseur gémissant, le regarde, sans aucune pitié et prend la pelle pour creuser rapidement une tombe à coté, et le pousse puis le laisse glisser dedans. Avec le briquet, Djeffh allume un feu sur la veste. Le jeune garçon s'en va, taché de sang, et les cris grave de douleur du chasseur se fond entendre s'étouffant et brûlant.

Lorsqu'il rentre, la vieille femme remarque tout ce sang sur ses vêtements, sous le choc, elle lui demande, inquiète :
-"Que... Que t'est il arrivé?!",
le vieillard arrive à son tour.
-"Qu'a tu fais??"
Djeffh semble ailleurs, pensif.
-"Qu'a tu fais bon sang?!", répète il à nouveau, et d'un geste clair, saisi un fusil à proximité, le pointe en direction de Djeffh :
-"Le cadavre dans la forêt, c'est toi qui lui as fait ça?! Répond moi !!"
Djeffh :
-"Il a tué mon ami..."
-"Ton ami?? Ce loup? Pourquoi cette abomination nous arrive à nous ?!
Le vieille homme s'écroule sur le sol :
-"Pourquoi nous faire subir ça? Dieu, pourquoi? Ce n'était qu'un loup Djeffh ! Un fichu loup !"

Soudain, Djeffh lève un regard noir sur le vieille homme, s'avance vers lui, impulsif et l'attrape par le col de sa chemise :
-"C’était MON ami ! Ce fils de pute l'a tué !"
Djeffh plaque l'homme contre le mur et lui assène une violente droite, puis une seconde. Il le saisi au col puis le plaque de toute sa puissance contre le mur. Le vieillard, meurtri, tombe à terre fortement blessé.
Djeffh plaque son genou contre le front de l'homme, puis l'enfonce de toute ses forces dans le crâne de ce dernier, qui se retrouve plaqué et broyé entre le mur et l'os.
La vieille dame hurle de désespoirs, prend le fusil en tremblotant et cri d'un son strident :
-"STOP !" avant de lui tirer une cartouche dans la jambe, qui se divise et pénètre dans le bassin et le bas du ventre.
Djeffh est puisement projeté au sol, sa douleur est visible sur son visage, très ferme.
La vieille femme appuie une deuxième fois sur la gâchette, aucune balle ne sort du fusil qui est déchargé, d'un regard haineux, elle lui cri :
-"Dégage ! Va t'en ! Et meurs dans la forêt !!"

Il sort de la maison en rampant, et titube, en direction des bois. Exténué, il peine à respirer, après avoir marché pendant une presque heure, il s'affale sur un arbre, et s’évanouit.


De nombreuses heures ont passé. Tout est flou, un son aigu traverse l’atmosphère.
Quand il se réveille, il aperçoit une forte lumière blanche dessinant une silhouette humaine,
Djeffh parle, épuisé :
-"Dieu, j'ai déconné..."
La silhouette prend peut à peut forme et Djeffh commence à distingué une femme.
Une extrême douleur l'envahi, Djeffh gémit et tente alors de se redresser mais quelques chose le bloque.
-"Hé ! Mince arrête de bouger !"
C'est alors qu'il voit une jeune fille avec une pince à épiler dans les mains, et du sang qui suinte sur son ventre.
-"ça va allez, je vais sortir les débris de balles, il n'y en a plus beaucoup !"
-"ARRETE CA !" hurle t'il, de douleur.
-"Bon j'ai pas le choix !"
La jeune fille attrape d'une main une matraque et le frappe sur le sommet de la tête, qui retombe nette sur le matelas.
Lorsque Djeffh revient à lui, son ventre et recousu et nettoyer de toutes traces de sang.
Le fille s'approche et lui dit :
"Excuse moi pour le coup de bâton, l'anesthésiant était un peu trop loin."
Djeffh la regarde de long en large puis lui dit faiblement :
"Quand tu me détachera, je t'arracherai l’œil et te l'enfoncerai dans l'anus."
Elle sourit puis lui dit calmement :
-"C'est une façon étrange de me remercier. Devine qui t'a sauvé la vie?"
-"Sûrement pas cette enfoiré de Dieu. Détache moi bordel."
-"Hum... Si on discutait un peu d'abord?"
-"Je suis pas quelqu'un de très sociable."

-"Qu'est ce qui t'est arrivé en forêt, je veux dire, par rapport a la blessure."
-"On m'a tiré dessus."
-"Pourquoi?"
-"Parce que Dieu aime pas ma gueule !"
-"Si tu veux que je te détache, tu devra être un peu plus coopératif!"

 

 



11/01/2014
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Prologue 1 : Le village [2/8]

 

     Encore sous le choc du coup qu'il a reçu, Djeffh semble ahuri.
Il dévisage la demoiselle de son regard noir, l'admirant avec insistance. Elle ne devait pas être du pays, son physique et son style vestimentaire ne paraissait pas très approprié à la mode actuelle en Pologne, des longs cheveux brun clair mal coiffé, avec une petite mèches blonde tombante, sa silhouette fine et ses formes de jeunes filles, ses grands yeux bleus claires ne paraissaient pas humain, et perturbaient grandement Djeffh.

Son corps était présent mais son esprit était ailleurs, comme absorbé par le regard percutant de la fille.

Elle s'approcha de lui, et desserra la corde pour le détacher :
-"je m'appelle Shrila."
-"...belle." dit il d'une voix basse,
-"Tu me trouve jolie?"
-"Shrila, c'est la beauté... Belle en Indien."
Elle semble ébahie, puis répond :
-"Comment tu...", elle ne finit pas sa phrase.
Djeffh se relève, et avance péniblement en se tenant la côte.
-"Où vas tu?!"
Il continue son chemin et s'approche de la porte, s'apprête à sortir.
-"Tu ne peux pas partir ! Tu n'es pas en état, tu dois rester !"

Alors qu'il tourne la poignée, Djeffh commence à tousser, il se courbe de douleur et la toue s'intensifie, la jeune fille accourt vers lui avec un scalpel.
-"Essaie de respirer !", dit elle, paniqué.
Shrila l'avait pressenti, l'impact des balles a touché l'estomac. Le muscle du ventre se contracte, c'est une hématémèse. Il faut agir vite, Djeffh s’étouffe avec le sang qu'il recrache. La toue persiste.
-"Merde ! Je vais devoir t'ouvrir la gorge, reste calme, ne t'en fais pas."
Elle plante la lame au niveau de la trachée, et d'un geste précis, perce la peau, puis ramasse un stylo en plastique sur la table, le casse en deux et ne garde que le bout pour le rentrer dans la brèche.
-"Respire. Ça va aller. Respire..."

Plus tard, Djeffh se réveille, et la jeune fille est à son chevet.
-"Tu m'as sauvée...";
-"Je n'allais pas laisser un frère Indien mourir chez moi.", lui répond elle en souriant.
-"Je... ne suis pas...";
-"Indien? Comment sais tu ce que signifie mon nom?"
-"Je... J'ai oublié..."

Quelques heures passent, Djeffh est assis les jambes croisées sur le lit, pensif.
Il ne sais pas ce qui lui arrive. Djeffh se demande comment Shrila a deviné qu'il s'étoufferait.

Il ressent quelque chose pour la jeune femme, comme de l'affection, pas de l'amour, seulement une forme de sympathie, chose qui ne lui était jamais arrivé avant.
Shrila, au seuil de la porte, lui demande :
-"Comment te sent tu?"
-"..."
Un silence s'installe dans la pièce, seul la respiration forte de Djeffh, lente et par accoue, se fait entendre.
Il tourne la tête et regarde la jeune fille dans les yeux :
-"Où sommes nous?"
-"Dans un village à côté de Pabianice, pas très loin de Lodz."
-"Pabianice... C'est une grande ville?"
-"Non. Mais disons que c'est un peu plus confortable que de vivre en forêt."
-"Hum..."
-"Que t'est il arrivé la bas? Pourquoi on t'as tiré dessus?"
-"J'ai... Tué un homme. Il l'avait mérité. Mais je ne suis pas comme toi. Je n'éprouve pas de remord. Je ne crois pas être normal... Dans ma tête, tout est un peu... Confus."
-"Pourquoi... l'as tu tué?"
-"Il a tiré sur mon ami... Il l'a exécuté, sous mes yeux... Mes mains... Il y avais du sang partout... uuh..."
Djeffh recommence à tousser. La tristesse et la haine l'envahissent. Ses yeux deviennent rouge et humides.
Shrila s'assied à côté de lui, et le serre dans ses bras.
-"Je comprend.", dit elle.
Il essaie de respirer, et de se calmer. Djeffh est perdu. Il ne comprend pas la réaction de la jeune fille, elle devrait le craindre, c'est un meurtrier.

Les jours passent, la neige fond et le printemps arrive petit à petit. Même s'il reste froid et distant avec Shrila, Djeffh l’apprécie beaucoup. Ce sentiment est nouveau pour lui et ceci le perturbe étrangement. Il ne comprend pas ce qui lui arrive.
Un après midi, Djeffh sort de la maison avec pour idée de visiter les environs.

Il regarde autour de lui, il y a des habitations partout.

C'est un petit village comme beaucoup d'autres. Deux vieilles dames sont sur le trottoirs d'en face et plantent des fleurs sur tout le long d'un petit chemin d'herbe. Certaines ont déjà prit racine.

Shrila sort à son tour de la maisonnette et le rejoint, elle s'approche de Djeffh et lui dit :
-"Ce sont des zonkil* (jonquille)."
Un couple de personnes âgés passent devant eux :
-"Bonjour jeune gens."
-"Bonjour, belle journée pour se promener", répond Shrila.
La vieille dame acquiesce et sourit.
Elle s'avance prêt de Djeffh et lui demande :
-"Comment allez vous jeune homme, j’espère que vous n'avez pas causé trop d'ennui à Shrila?";
-"Oh. Non je n'ai rien fait de mal !"
-"Du calme voyons, je plaisantais.", répond la vieille dame en souriant.
Shrila s'approche d'elle et murmure :
-"Il n'est pas très sociable, il lui faut du temps, pardonnez le."

Djeffh décide de faire le tour du village. Il empreinte un petit chemin de terre boueux encore enneigé par endroit et traverse une route. Un jeune enfant le salut, et, hésitant, Djeffh lui fait un léger signe de la tête en retour.
Les gens ici ne savent pas qu'il est malade, dangereux et impulsif. C'est un sentiment étrange pour lui que de voir quelqu'un l’accepter, et non le repousser et le craindre, comme ça l'a toujours était avant.

Un groupe de jeunes discutent devant une affiche qui représente un homme portant une moustache, et ou l'on peut lire "Lech Walesa do wladzy*" (Lech Walesa au pouvoir). Les avis sur l'homme semblent partagé, et la discutions paraît tendu.

Il arrive à niveau d'une vieille cabane en bois, et derrière celle ci, une grande place ou ce sont installés de nombreux stands pour le marché. Il y a des enfants, des hommes, des femmes, des vieux. Une grande foule qui vient pour acheter des produits frais, fruits, légumes, poulets, fleurs, ou simplement pour se promener et profiter du soleil et de l'air doux du printemps.
Deux gamins lancent des miettes de pains à des pigeons , sur une allée faite de vieilles dalles, un groupe de femmes discutent :
-"Quel beau soleil, c'est agréable !"
-"Oui et les jonquilles poussent à une vitesse... Le village va vite retrouvé toute sa splendeur, et son charme.", dit elle en ricanant.

Il poursuit son chemin. Après quelques heures, il sent son bandage se décoller, et décide alors de retrouvé Shrila à la maison.

Une fois rentré, elle lui enlève le tissu autour de son ventre :
-"Les cicatrices ont pratiquement toutes disparues. Tu te sent comment?"
-"Bien. Les gens du village..."
-"Oui?"
-"Ils sont bien."

Shrila lui sourit et l'embrasse délicatement sur la joue.
Ils se regardent droit dans les yeux.
Djeffh ne semble pas comprendre cette élan d'affection, mais cela lui plait et il lui sourit.
Son cœur bat très vite.

 



17/01/2014
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Prologue 1 : Or & rubis [3/8]


     Un vent doux souffle, le ciel est clair, dégagé.
Djeffh se repose, allongé sur un tapis de longue herbes, sous un pommier en fleurs, où
commence à pousser quelques coquelicots.

Le bruit d'un moteur se fait entendre, poussé par le vent.
Djeffh l'entend et se lève, étourdi, et voit une vieille voiture blanche arriver, et s’arrêter sur
le chemin de terre un peu plus loin.
Shrila en descend, et fait un signe de la main :
"Djeffh ! Elle fonctionne", lui crie t'elle, amusée.

-"Je n'y aurai pas cru... Mais je continu à penser que c'est la voiture la plus moche de tout
les temps."
-"Djeffh, ne fais pas le difficile ! C'est une FSO Warszawa, et c'est ce qu'il y a de plus
rependu en Pologne, c'est clair qu'elle manque de classe mais..."
-"Une vrai épave.", dit il en souriant.
"Mais ça fera l'affaire".

Djeffh monte à la place conducteur et démarre la charrette. Ils suivent un chemin de
terre, prennent un croisement relié à une grande route et partent en direction de la ville.

-"La prochaine à gauche, c'est une longue route droite."
Djeffh freine brusquement et peine dans la courbe.
-"Elle est très lourde, je perd bien trop de vitesse pour prendre un virage."
Il réussi à xontre-braquer et se replace droit sur la route, appuie à fond sur l'accélérateur,
puis passe petit à petit toute les vitesses.
Shrila lui demande :
-"Tu pense qu'elle a besoin de modifications?"
-"Il faut alléger le poids à vide. Je vais enlever les sièges derrière. Regarde, je suis à
130. C'est son maximum, je pense pas pouvoir la pousser beaucoup plus, mais si elle
est moins lourde, je pourrai peut être prendre les tournants sans perdre trop de vitesse,
et gagner du temps."

En rentrant au village, un petit groupe de gens les attendent, et s'approchent d'eux,
encerclant la voiture. Djeffh s'arrête et descend. Un homme d'une quarantaine d'années 
arrive et lui demande :
-"Alors, comment la trouves tu?"
-"Je pense pouvoir la gérer, mais je vais changer quelques pièces."
-"Bien. J'ai peut être du matériels qui pourrait t'intéresser au garage, suit moi."
Shrila lui coupe la parole et lui dit timidement :
-"Plus tard, Djeffh et moi avons déjà des choses de prévu."
-"Oh oh, très bien les amoureux ! Amusez vous bien."
Djeffh repond, gêné :
-"On est... juste amis."
L'homme acquiesce en riant.

Les deux jeunes gens retourne au domicile.
En rentrant, elle lui demande :
-"Assied toi et soulève ton débardeur, je vais vérifier tes cicatrices."
Djeffh s’exécute.
Elle s’accroupit :
-"Tes blessures n'ont pas était infectés, il ne devrait plus rester de traces d'ici une
semaine."
En se relevant, elle le regarde dans les yeux. Un silence c'est installé dans la pièce,
Djeffh est troublé.
Shrila approche doucement son visage du sien pour l'embrasser, il semble apeuré.
Il réagit, et prend du recul :
-"Je... Je ne veux pas." lui dit il, avec une voie tremblante.
-"Tu ne veux pas ou tu ne peux pas?"
-"... Je ne sais plus."
Elle baisse le regard. Shrila comprend que Djeffh à probablement vécu une expérience
difficile.
-"Essai de te souvenir, à quoi pense tu?", la questionne elle;
-"Mon corps refuse... Mon corps ne veux pas."
Malgré tout ce qu'il ressent pour elle, Djeffh se refuse involontairement à s'attacher. Son
passé ne lui revient pas, mais continue pourtant de le hanter, et de le détruire de
l'intérieur.

Quelques heures plus tard, Djeffh rend visite au garagiste, ce dernier lui dit :
-"Shrila raconte à tout le village que tu est un vrai pilote. Tu sais, si tu espère gagner la course,
tu devrais t’entraîner, avec une épave comme cette FSO, tes chances sont... très
minimes."
Djeffh tourne dans l'atelier appartenant a l'homme, et semble chercher quelques choses.
-"De quoi as tu besoin, mon jeune ami?", demande gentiment le garagiste.
-"Hum... De ça."
Il ramasse un pied de biche, et sort du garage. L'homme semble intrigué et le suit à
l'extérieur.
Djeffh arrive devant sa voiture, ouvre brutalement la porte arrière, et plaque le pied de biche sous le
siège. Il respire quelques secondes, et d'un coup sec arrache le siège du sol.
-"Nom d'un chien, quel force ! Belle démonstration, mais ça aurait été plus simple avec
un tournevis !"
-"Possible, mais j'avais besoin de me passer les nerfs." répond il;
-"Ha? Quelques choses ne va pas avec Shrila?"
-"Non. Quelques choses ne va pas avec moi."
-"Vous vous êtes disputés?"
Djeffh ne l'écoute plus. Il laisse tomber le pied de biche à terre, remonte en voiture,
démarre et s'en va.

Le jeune homme roule sur la route, à 500 mètres du croisement qu'il avait difficilement passé plus tôt dans la journée. Il accélère au maximum, s'approche très rapidement du virage, d'un coup net, il
pousse la pédale et braque à fond, prend le frein à main et le relève au niveau du
tournant, dirige à peine le volant, rabaisse le frein à main, rétrograde sans relâcher l'embrayage et
accélère en repassant ses vitesses rapidement.

Djeffh vient de prendre le virage à 90 degrés sans aucune difficulté, avec une maîtrise
parfaite. Il continu d'accélérer, et alors qu'il atteint sa vitesse de pointe, hurle :
-"C'est quoi ton problème fils de pute?! Tu crois que tu peu pourrir ma vie comme ça??!
Pourquoi tu me fou pas la paix?? Répond moi!!"
Un nouveau virage se présente. Djeffh accélère encore et encore, puis une fois au
niveau du tournant, répète la précédente manipulation, qui fonctionne parfaitement, à
nouveau.

La nuit tombe doucement, Djeffh n'est toujours pas rentré, et Shrila s'inquiète de ne pas
voir son retour. Elle va à pied jusqu'au garage, et une fois arrivé, frappe à la porte:
-"Gustaw? Gustaw c'est moi, ouvre s'il te plaît".
L'homme ouvre l'entrée, semble fatigué, visiblement réveillé par la jeune femme.
-"Qu'y a t'il Shrila?"
-"Tu as vu Djeffh? Je le cherche partout?"
-"Ah? Il est passé me voir dans l'après midi, il n'avait pas l'air bien, en colère... Vous êtes
vous disputés?"
-"Non... Enfin c'est plus compliqué que ça. Qu'est ce qu'il est venu faire ici?"
-"Il a simplement enlevé les sièges arrières de la FSO... Avec un pied de biche."
-"Seigneur... J’espère qu'il va bien..."


"Witamy w Pabianicach"* (Bienvenue à Pabianice).
Djeffh entre dans le centre ville, commence à ralentir et a observer les boutiques encore
ouverte. Un couple supplient à un boulanger :
-"Nous n'avons plus de quoi manger ! S'il vous plaît, donnez nous cinq minutes, juste le
temps de prendre une baguette au moins."
Le boulanger marmonne et relève la grille devant son magasin.
-"Grouillez vous là !".
Trois gardes du KBW* (Korpus Bezpieczenstwa Wewnetrznego) marchent en file sur un
trottoir plus loin :
-"Mesdames, messieurs, le couvres feu sera de mise dans 20 minutes. Rentrez chez
vous."
Alors qu'il gare sa voiture sur une place de stationnement, Djeffh remarque un vieillard
qui promène son chien. Au moment où il croise les hommes du Korpus, l'animal aboi contre
l'un des gardes:
-"Qu'est ce qu'il veut se salle clebs?"
Le canidé ne cesse d'aboyer.
-"Saloperie de bestiole !"
Le gardes sort une matraque de son étui et en donne un violent coup à l'animal.

Djeffh n’apprécie pas ce geste, la rage l'envahi mais décide de passer son chemin, malgré la colère
qui monte en lui.

Il passe une longue ruelle bien éclairée et arrive devant une grande boutique lumineuse
avec inscrit "Bijouterie & joaillerie Andreinov".

En entrant dans le bazar, Djeffh remarque au comptoirs le bijoutier mal rasé, avec un
visage abîmé et fatigué. Un homme en costume avec un chapeau feutre Flechet*
(Flechet est une marque de chapeau très connu crée en France) assez ancien semble
captivé par la diversité et le choix de bijoux en vente, il tapote son doigt sur la vitrine et
fais signe à l'homme du comptoir de venir :
-"Combien vaut celle ci?"
-"42 500 000 PLZ* monsieur." (*ancien zloty (PLZ), ici environ 1000 €)
-"C'est horriblement chère."
Djeffh observe une bague, puis une autre, et aperçoit un collier en argent, parsemé de petit
rubis pur, avec une grande pierre au centre. Djeffh est éblouie par sa splendeur et sa couleur, mais lorsqu'il apprend son prix, désespère et comprend qu'il ne pourra probablement jamais l'acheter.

-"Écoutez mon bon monsieur, les prix ne sont pas négociable." dit le bijoutier à l'homme
en costume;
-"Bien...", répond il, en passant sa main droite dans sa veste :
"Alors vous allez me l'offrir.",
Il sort un Makarov et le pointe en direction de l'homme, qui panique et se met à genoux :
-"Pitié, non ! C'est objets me coûtent des fortunes, ne faites pas ça par pitié, par pitié."
"Allez ! Bouge toi le cul, salopard de russe, emballe moi toutes c'est petite merveille
dans ce sac bien gentiment."
L'homme se relève en tremblotant, ouvre une vitrine et dépose les bijoux dans un barda
de tissu noir que lui tend le voleur.
Djeffh se retourne et découvre le braquage, et ne sachant quoi faire, n'intervient pas. Un garde du KBW ouvre la porte principal :
-"Dépêchez vous, le couvre feu... Hé ! Alerte, un braquage !"
Il attrape d'un coup sec son arme de son étui et tire dans le tas. Le voleur esquive de
peu une balle, se met en position et tire à son tour, avec succès, touche l'épaule du
garde qui s'écroule au sol. Un second homme s'apprête a rentrer dans la boutique,
Djeffh en aperçoit par la vitre un troisième, armé qui contourne le magasin accroupi et
va entrer par la petite porte de derrière. Il se met a couvert, à la droite de l'entrée, et
surveille attentivement le garde. Au moment d'entrée, l'homme pointe son arme sur le
voleur et d'une voix grave, imposante, cri :
-"Pose ton arme !"
Djeffh s'élance et lui octroie un violent coup de coude dans la mâchoire. Il ramasse
l'arme du garde et tire, frôle le bandit et touche la tête du soldat qui entrait au même moment par la porte avant, une tache de sang projeté sur la vitre.
Le voleur se retourne :
-"Gamin, t'est avec moi?"
Djeffh acquiesce.
L'homme, d'un geste furtif, tourne la tête vers l'extérieur, ne voie aucun autres gardes,
retourne à la vitrine et remplit rapidement son sac de bagues, de colliers et de bracelets.

Djeffh souffle un coup, pour se calmer, puis affirme :
-"D'autres vont rapidement arriver ! J'ai une voiture à 200 mètres...", il n'a pas le temps
de finir sa phrase qu'un quatrième soldat arrive, Djeffh le voit en premier et d'un tire
précis et rapide raidit le garde d'une balle dans le cœur.
-"On y va !"
Le voleur ferme son sac et ils sortent pas la porte de derrière en courant, longe la ruelle,
et arrive au niveau du véhicule. Djeffh démarre la voiture, l'homme entre, lance le sac à
l'arrière, ils accélèrent et empreinte une petite rue à l'opposé de la bijouterie, prend un
chemin de terre et arrive sur une route. Ils ont réussi à semer la troupe. Djeffh a le cœur
qui bat.
-"Gamin tu est excellent ! Sans toi, ces rats m'aurait buté comme une vieille catin Russe !",
il se tourne vers le sac, et l'attrape.
-"Choisi en un, je te l'offre, avec les remerciements de Mikolaj Miemsky."
Djeffh ralentit et s'arrête sur le bas côté :
-"Celui là, avec les rubis. Je le prend."
Le mafieux lui sourit, attrape le collier dans le sac et le lui donne.
-"Je descend ici, les gars vont venir me chercher. Je me souviendrais de toi gamin.
Zegnaj, przyjacielu*." (*Au revoir, mon ami)
L'homme descend, avec le sac, et fais signe à Djeffh de partir.

Sur le chemin du retour, Djeffh est pensif, et en joie. Ce bijoux, c'est pour lui le symbole
d'un nouveau jour. Il veux se débarrasser de son passer qui le fais souffrir, se libérer de
tout le poids sur ses épaules, les crimes qu'ils a commis, il ne les effacera pas. Mais il
peu les oublier. Vivre dans ce village paisible, le calme, le repos, la paix...
C'est tout ce que Djeffh demande. Il se sent prêt à faire des efforts pour elle, il se sent prêt à faire des efforts pour Shrila.

 



22/01/2014
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Prologue 1 : Seul contre tous [4/8]

 

     "Tient, Shrila... Pour toi."
Djeffh soupire :
-"C'est merdique ! Allez, trouve un truc... Shrila, c'est un cadeau... Pour te remercier... ?"

Il fait nuit, encore sur la route vers le village à bord de sa FSO, Djeffh réfléchit à une manière d'aborder son amie, et essaie, en vain, de trouver comment offrir ce bijoux.
Il frappe d'un coup de poing le volant :
-"Et merde ! Je trouverai bien quoi dire le moment venu !"
Djeffh accélère, et empreinte une petite route qui le conduit droit au village.

Lorsqu'il arrive devant la maison, il sort du véhicule, reste droit debout quelques secondes, respire fort, comme pour se concentrer, avance, puis ouvre la porte.
-"Shrila?"
Il monte à l'étage, prend le grand couloir et entre dans la chambre de la jeune fille, mais elle est vide.
-"Hé, je suis revenu !"

Après quelques minutes à la chercher, il comprend qu'elle n'est pas dans la maison.
Il s'installe alors sur une chaise, pensif, ne sachant pas où aller pour la trouver.
Quelqu'un entre par la porte d'entrée, et une voix d'homme dit :
-"Djeffh, tu es là?"
Il descend l'escalier, et trouve Gustaw, le garagiste.
-"Gustaw, où est Shrila?!"
-"Elle est partie... Elle s’inquiétait pour toi, et est partie à ta recherche, avec la camionnette... J'ai essayé de la convaincre de rester, mais..."
Djeffh, fou de rage, s'approche de l'homme et l'attrape par la chemise, puis le soulève du sol de ses puissants bras :
-"Tu l'as laissé partir? En pleine nuit ?! Pauvre idiot !"
Djeffh le plaque violemment contre le mur de toute sa force, puis le lâche. Le garagiste pousse un cri de douleur et s'étale sur le sol.
Il sort énervé de la battisse, et regarde partout autour, très en colère. Il aperçoit une vieille dame en chemise de nuit devant une maisonnette en bois, et s'approche d'elle en courant :
-"Où est Shrilla?!"
La femme, surprise, le regarde et lui répond d'une voix fragile :
-"Calmez vous, voyons, que vous arrive t-il?"
Djeffh, visiblement insatisfait de la réponse, lui donne une énorme gifle, qui éclate la mâchoire de la vieille dame en sang. Il respire très fort, par accoue, comme un taureau en furie prêt à charger. Il fonce jusqu'à sa voiture et la démarre.

Arrivant devant le garage, il remarque les traces de pneus de la camionnette, facilement reconnaissable par sa forme. Il part à la recherche de son amie en pistant la moindre marque.
Ces dernières le conduisent à une grande route, c'est à cet endroit que les marques sur le sol se dissipent. Djeffh descend de la voiture et s’accroupit, à la recherche de la moindre trace, du moindre indice, mais ne trouve rien. Son esprit le torture, il est extrêmement énervé, surtout contre lui même, et s'en veut de ne pas l'avoir mieux protégé. Il se relève, respire quelques secondes et hurle de toute ses forces. Le cri résonne dans l'espace alentour.

Il ne sait plus quoi faire, sa rage l’empêche de réfléchir, son esprit le torture à nouveau. Djeffh se sent mal, quelque chose, comme une douleur au ventre persistante. Sa vision devient trouble, il s'allonge au sol.

Le temps s’arrête autour de lui. Une scène défile dans sa tête, elle lui revient à l’esprit sans qu'il ne sache ce que cela signifie.

Djeffh est au volant d'une voiture, une ombre est assise sur le siège passager. Soudain, ils accélèrent, comme s'ils en avaient perdu le contrôle. Le véhicule percute une barrière et dérape dans un champ. Le choc est très violent, la voiture fait des tonneaux, des pièces s'arrachent de la carrosserie. Il y'a des flaques de sang partout... Des cris... Un corps avec un morceau de métal traversant son bas ventre, ensanglanté, mort, au sol...

Le temps redémarre.

Djeffh se relève, perturbé par cette terrifiante vision du passé, d'une violence extrême.
Il entend des voix dans sa tête, ne comprend pas ce qui arrive, les larmes lui montent aux yeux, ses émotions se bousculent, entre colère et tristesse intense, son cœur bat très vite. L'une des voix, féminine, s’intensifie et devient compréhensible. Elle répète sans cesse :
-"Djeffh... Ne m'abandonne pas... Djeffh..."
Il tombe a genoux au sol, en état de choc :
-"Pardonne moi ! Je t'en supplie pardonne moi !"
Djeffh est en transe, complètement secoué par l’événement, et s’évanouit sous le poids des ses souvenirs resurgissant du passé, qu'il ne comprend pas.

Le jour se lève, il sent la chaleur des rayons sur sa peau.
Des personnes discutent à proximité, il les entend, qui semblent être en désaccord. L'un d'eux, avec une voix plus grave et rauque, semble s'adresser à Djeffh :
-"Lève toi. Tu entend? Essaie de te relever !"
Djeffh ouvre les yeux, et est éblouit par la lumière du jour. Il couvre ses yeux avec son bras.
Il discerne mieux les voix, une seconde dit :
-"On devrait l'abattre. C'est qu'un vagabond, regardez comment il est fringué."
-"Non. On ne tue personne. Pas sous mes ordres." répond la voix grave.
Djeffh se relève, aidé par l'homme qui le tire par le bras. Il ouvre les yeux, encore aveuglé par l'éclat du soleil.
-"Qui es tu?", Demande t-il.
Djeffh ne répond pas, essayant de discerner les visages. Quatre personnes sont faces à lui. Le plus proche, l'homme à la voix rauque, est âgé d'environ 30 ans ou 35 ans, le visage fin, abîmé de cicatrices, avec une barbe de poils frisés mal rasé. Il remarque sa tenue : c'est un garde du KBW.
-"Qui es tu?", demande une nouvelle fois le soldat.
-"...Djeffh..."
-"Que faisais tu ici, au milieu de la route?"
-"Je..."
-"Butons le bordel, vous voyez bien qu'il est pas net !"
Un soldat dégaine son makarov et le pointe sur Djeffh.
-"Non ! Baisse cette arme, ou je te garanti que je te poignarde jusqu'à ce que tu te vide entièrement de ton sang !" hurle le soldat barbu.
-"Ou... Oui."
-"Oui qui? !"
-"Oui... Capitaine."
Il se retourne vers Djeffh et le questionne :
-"Où habites tu?"
-"... Une maison... dans le village là bas."
Il lui montre la direction du doigt.
-"Bien. Soldats, retournez auprès du groupe, moi je le raccompagne chez lui."

Djeffh s'approche de sa voiture, s’apprête à monter, mais le capitaine l'attrape par l'épaule et lui fais signe de prendre la place passager.
Le soldat démarre le véhicule et fait demi tour sur la route, puis prend une sortie qui les conduit directement au village. Une fois sur place, Djeffh lui indique le chemin vers la maison.

Ils se garent derrière. Les deux hommes descendent et le capitaine lui fait signe d'entrer.
-"Tu vis seul ici?"
Djeffh regarde autour de lui, et ne voit pas Shrila.
-"Non... Avec une amie."
-"Bien. Où est-elle ?"
-"Je ne sais pas... Dans le village, j'imagine..."
Il est inquiet de ne pas trouver la jeune fille dans la maison, il glisse sa main dans sa poche droite, et sert le collier de rubis très fort, espérant la retrouver rapidement, pour lui offrir.
-"Nous allons attendre ton amie ici. Qu'est ce que tu as dans ta main?"
Djeffh sort délicatement le bijoux.
-"C'est... Pour mon amie."
Le soldat est visiblement surpris, et le dévisage du regard.
-"Il y a eu un braquage hier soir, dans une bijouterie."
Djeffh baisse la tête, ne semble pas vouloir répondre aux accusations du Capitaine.

Soudain la porte s'ouvre brusquement :
-"Djeffh, tu est là?!"
Il se tourne, et voit son amie, à l'entrée. Shrila accourt vers lui, et le prend dans ses bras, le sert très fort.
-"Djeffh, j’étais tellement inquiète !"
Il semble soulagé, toute les craintes et les peurs, les choses terribles qu'il a pu s'imaginer, s’évaporent.

En voyant cette scène, le soldat oublie ses mauvaises pensées à l’égare de Djeffh. Il passe discrètement à côté d'eux, sort de la maison, et ferme la porte délicatement.

-"Shrila... J'ai quelque chose... J'ai ça, pour toi..."
Il lui tend le collier de rubis en tremblant, baisse la tête.
La jeune fille semble stupéfaite, émerveillée par la beauté et la couleur de l'objet. Elle prend le bijoux dans ses mains.
Shrila remarque tout l'effort qu'a fait Djeffh, elle sait à quel point son passé oublié est douloureux pour lui, et elle imagine la difficulté de son geste. Elle le prend à nouveau dans ses bras.
-"Merci... Tu est formidable."
Elle l'embrasse sur la joue, et lui demande :
-"Tu veux bien m'aider?"
Djeffh est intimidé.
Shrila lui tend le bijoux et se tourne.

Il prend délicatement le collier entre ses doigts, le passe autour du coup de la demoiselle.
Après quelques seconde, elle le sent gêné :
-"Qui y a t'il?" demande Shrila.
-"Je crois que... J'ai des trop gros doigts pour fermer la boucle."
La jeune fille ricane, essaie tant bien que mal de se retenir, mais finit par s'esclaffer de rire.
Djeffh sourit.
Pour la première fois de sa vie, les choses semblent enfin bien se tourner. Jamais auparavant il n'avait été aussi proche de quelqu'un. Pourtant, ce souvenir qui est remonté à la surface l'intrigue et le perturbe. Il ne sait pas quoi en penser.

L'après midi passe. En début de soirée, Djeffh trouve un livre, avec des photos collées à l'intérieur. Ce sont de vieilles images. Il voit sur l'une d'elle, Shrila quand elle était enfant avec deux adultes, un homme et une femme, sûrement ses parents. Cette photo n'a sans doute pas était prise en Pologne, vu le paysage.

Quelqu'un cogne à la vitre.
La jeune fille arrive dans la pièce, remarque un vieil homme en larmes dehors, et lui ouvre la porte. Le vieillard tombe dans les bras de la jeune fille et lui dit quelque chose en marmonnant, visiblement très touché par une effroyable nouvelle. Shrila semble sous le choc de ce que lui annonce l'homme.
Elle ferme la porte, sans prononcer un mot.
Djeffh se met debout, regarde Shrila, abattu.
Elle lève la tête :
-"Mme Tokarz... Elle est morte...". Elle ne résiste plus à la tristesse et s'effondre en larmes.
Il la prend dans ses bras, passe sa main dans ses cheveux.
Djeffh a compris. Il le sait. Cette femme décédée, c'est lui qui l'a tué hier soir. Il ne l'a pas voulu, mais sa colère, Djeffh ne peut pas la maîtriser.

Shrila essaie de se contenir :
-"Elle... Elle a été assassiné... Et Gustaw, il a été agressé aussi. Il est tombé... dans le coma..."

Elle reste durant de longues minutes dans les bras de Djeffh, qui ne sait pas quoi penser : doit il regretter son geste, ce meurtre qu'il a commis, ou bien alors se réjouir du fait que Gustaw, le seul qui aurait pu l'accuser, soit tombé dans un coma peut être pour toujours?
Ce sentiment le travaille, le fait réfléchir, mais il se décide à essayer d'oublier, de laisser ça derrière lui et de profiter de l'instant présent.

La soirée passe, dans le calme. Shrila est très touchée par cette nouvelle et Djeffh le sais. Il lui faudra plusieurs jours pour s'en remettre. C'est peut être l’occasion pour lui de montrer qu'il tient à elle et qu'il est là pour l'aider dans des moments difficile comme celui ci. Cette idée le réjouie, mais il ne sait pas quoi faire, il ignore totalement comment lui montrer son soutien.
Et ces images du passé qui passent en boucle dans sa tête le troublent encore et toujours. Il aimerait en discuter avec Shrila, s'ouvrir à elle, comme un premier pas. Mais il a peur. Peut être n'est ce pas le bon moment.

Les heures passent, la nuit est tombée. Impossible de dormir avec tant de questions sans réponses . Djeffh a besoin d'air. Il décide de sortir marcher, mais au moment de franchir la porte, il ne peut pas. Il se refuse de partir, de laisser Shrila seul, même quelques minutes.
Lui qui était si dur, si froid et qui ne portait aucun intérêt aux êtres humains, n'ayant aucune pitié pour qui que ce soit, a bien changé.
Djeffh monte l'escalier, et entre dans la chambre de la jeune fille discrètement. Elle dort, allongée, les bras et les jambes serrées. Il s'assied à côté d'elle, en faisant attention à ne pas la réveiller. Il reste à ses côtés pendant de longues minutes sans bouger, les yeux fixé sur son visage.

Le lendemain, au levé du jour, un bruit sourd résonne à l'extérieur, qui réveille Djeffh et Shrila. Deux coups de feu sont tirés et on peut entendre les cris paniqués des villageois.

Ils descendent et accourent vers la fenêtre, voient des dizaines de gardes du KBW et un énorme char d'assaut. Le canon mobile tourne lentement en direction d'une vieille maison et tire un boulet qui détruit la baraque dans une incroyable explosion très violente. Assistant à la scène, Djeffh est paniqué, et commence à imaginer le pire pour le village qu'il aime :
-"Non ! Arrêtez !"
Il sort de la maison, et fonce en direction du char, mais un homme l'attrape et le plaque au sol. C'est le Capitaine. L'homme barbu lève la tête vers la jeune fille au seuil de la porte et lui ordonne :
-"Nous devons partir d'ici immédiatement !"
L'homme relève Djeffh par le bras et lui fait signe de foncer vers la FSO, Shrilla rejoins le Capitaine en courant, et ils montent tous les trois en voiture.
Djeffh prend le volant, démarre et accélère.
Le tank tire une deuxième fois, les cris de paniques s’intensifient.
Ils empruntent une petite rue à toute vitesse mais une voiturette militaire les a repérés et leur bloque l'accès.
Djeffh braque à fond à gauche pour esquiver le véhicule, réussi à les dépasser, contre braque puis ajuste pour se remettre droit sur la route, accélère et passe la troisième vitesse, suivi de la quatrième.
La voiturette les poursuit, à une trentaine de mètres, le soldat du côté passager passe son bras par la vitre et tire dans le tas. Il rate ses deux premiers tirs, mais le troisième touche et casse le pare-brise arrière. Shrila crie, terrifiée, et se baisse. Le capitaine sort son makarov de son étui, et dit à Djeffh :
-"Avance en zigzag pour qu'ils ne puissent pas nous toucher ! Je m'occupe d'eux !"

L'homme vise, très concentré, et tire une balle parfaite, en pleine tête du soldat armé. Le conducteur de la voiturette prend panique, freine de toutes ses forces, dérape et termine sa course dans un fossé.
Ils ont réussi à les semer, mais pour combien de temps.
Djeffh demande, furieux et stressé :
-"Qu'est ce qu'ils nous veulent ?!"
Le capitaine range son arme.
-"Ils te cherchent. Je sais que tu étais dans la bijouterie le soir du braquage, et eux aussi le savent visiblement !"
Shrila, qui a entendue la conversation :
-"Tu as braqué une bijouterie?!"
Djeffh se sent mal.
-"... Non. J'étais là quand c'est arrivé... Mais je n'ai..."
Le capitaine lui coupe la parole :
-"Un homme de Miemsky a braqué la bijouterie."
-"Miemsky? C'est un sorte de groupe mafieux?" demanda Shrila.
-"C'est une façon de voir les choses. Une mauvaise façon."
Djeffh tremble encore, sous le choc. Il le questionne :
-"Pourquoi... Pourquoi vous nous aidez? Vous êtes du KBW... Non?"
-"C'est vrai. Du moins jusqu'à aujourd'hui je l'étais. La politique a changée. Je ne suis pas très heureux de servir un état communiste, mais maintenant qu‘un salopard envoyé par les Russes veut prendre le pouvoir, je me refuse de l‘aider. Nous avons exécuté trop d'innocents... Je ne supporte plus ça. Quand je vous ai vu, tout les deux, j'ai compris que les personnes qu’on a tuer ne sont pas des criminels, mais des gens avec des valeurs, des gens qui vivent, aiment... Des humains. Le KBW, ce sont eux les vrais criminels."
-"Mais alors pourquoi en veulent t'il à Djeffh? Il est innocent, non?" demande Shrila, perdue.
Le capitaine tourne sa tête vers lui, Djeffh acquiesce, et s’arrête sur le bas côté. Il regarde Shrila dans les yeux, et lui dit, nerveux :
-"J'ai tiré sur plusieurs soldats..."

Elle n'en revient pas, Shrila est abasourdie par cette révélation.
-"Tu... Les a tués? De sang froid?"
Le capitaine intervient, et prend sa défense :
-"De toutes manières il n'aurait pas eu le choix. Le KBW l'aurait abattu s'il n'avait pas agit, car il a été témoin de la scène. Les soldats l'auraient exécutés sur place pour éviter qu'il ne les dénoncent et leurs fassent une mauvaise réputation, bien qu‘ils ne soient plus vraiment à ça prêt..."

Shrila est troublée. Elle ne veut pas croire que Djeffh soit un criminel. Pourtant, c'est la seconde fois que celui ci lui avoue avoir commis un meurtre.
Le capitaine poursuit :
-"Je sais que sa va être dur, mais les choses ont changées, nous vivons dans un pays dirigé par des dictateurs assoiffés de sang et de pouvoir, mais l‘heure de la vengeance a sonnée, la Révolution est en marche. Tant que nous serons recherchés, nous devrons nous cacher. Et nous devrons sans doute tuer pour sauver notre peau... Au fait, je suis le Capitaine Suleyman Yildirim. Mais vous pouvez m'appeler Sul'."

 



01/02/2014
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Prologue 1 : Le coeur du santal [5/8]



 

     L'aiguille descend en flèche et atteint presque le zéro du cadran.
-"Arrêtons nous faire le plein d'essence avant de tomber en panne", demande Suleyman
en montrant une station du doigt.
"N'oubliez pas que nous devons rester discret, évitons de nous faire remarquer."

Djeffh se gare au niveau de la première pompe à essence, derrière une vieille voiture, de
laquelle descend un homme âgé.
-"J'en ai pour un moment jeunes gens, ma charrette a très soif !" dit gentiment le vieillard
en les voyant arriver.
"Laissez votre voiture, je vous ferais le plein."
Djeffh le remercie d'un signe de la tête et marche en direction d'un bâtiment, puis entre dans un magasin.
Shrila le rejoins, ils se regardent et se sourient.
Une dame d'une quarantaine d'années est au comptoir et discute avec un enfant, qui tient
un sac en plastique remplis de croissants dans ses mains.
Djeffh contourne le rayon alimentaire, il avance dans le rayon des vêtements,
jette un coup d'œil rapide aux vestes, puis aux pantalons. Il s'approche d'une étagère à côté
d'une grande vitre sale et rayé, où sont entreposés des figurines en porcelaines.
Djeffh semble captivé par la qualité de ses dernières, très réalistes, et finement
travaillées. Au moment de partir, il lève les yeux vers la vitre et remarque une troupe de
gardes qui s'approche du magasin, il s'accroupit et accourt vers Shrila, la prend par le
bras de force, et l'entraîne dans l'arrière-boutique.
-"Ne fais aucun bruit", dit Djeffh à voix basse.
Les gardes entrent dans la boutique, l'un d'eux sort une arme, un autre
s'avance vers la vendeuse au comptoir. Il lui lance un regard mauvais et lui demande
brutalement :
-"Nous cherchons un groupe de trois personnes, deux hommes et une femme, vous avez reçu
ce genre de visiteur ?"
-"Oh. Non je suis désolée, je n'ai rien remarqué, messieurs."
Le garde tourne la tête vers ses collègues, puis poursuit la discussion :
-"Il vaudrait mieux pour toi que tu ne nous ai pas mentis, catin, ou je reviendrais
personnellement pour te faire un joli trou dans la cervelle". Il colle le viseur de son colt
sur le front de la magasinière :
-"BAM !"
Elle s'accroupit au sol :
-"Je n'ai rien vue je vous le promet !" répond t elle, apeurée.
Les gardes sortent de la boutiques, en riant.

Shrila n'en croit pas ses yeux :
-"Ils sont vraiment prêt à tout pour nous retrouver...", elle sanglote.
Djeffh la prend dans ses bras.
-"Ils ne te feront rien... Je promet de te protéger."
-"Et... S'ils ont déjà détruis le village?"
-"Ils sont à notre recherche, je doute qu'ils y soient rester après notre fuite..." répond
Djeffh, en essayant de se convaincre lui même.

Après quelques minutes ils sortent de la boutique et court rejoindre la voiture, Suleyman
s'approche d'eux, et demande :
-"Vous allez bien? Ils vous ont vus?"
-"Non... Non." répond Djeffh.
-"Bien. Nous devons trouver des armes. J'aimerais ne pas avoir à m'en servir, mais la
situation nous y obligera certainement.". Il lui confie les clefs.
"Partons."
Shrila prend la place arrière, derrière le siège passagé.
Suleyman contemple une dernière fois les alentours, remonte sa ceinture et entre dans
la voiture.
Djeffh démarre le véhicule.

Le capitaine indique le chemin a emprunter, ils contournent Lodz et suivent une longue route menant à Zgierz, environ dix kilomètres plus loin.
-"J'habite à 3 rues du bourg, prend la petite allée, juste là" montre Suleyman d'un geste du
bras.
Ils arrivent dans le centre ville, ou les bâtiments semblent assez vieux. Le chemin
de goudron est très abîmé par endroit et des trous encore visibles ont été comblé par
de la terre et du sable.
-"C'est cette maison, celle avec les 3 étages."
Djeffh gare le véhicule sur une petite place devant le bâtiment.
Suleyman descend le premier :
-"En tant qu'ex capitaine, j'ai mon arsenal personnel. Armes de poing, fusil d’assaut, fumigène..."
Alors que le jeune homme s'avance pour entrer dans la maison, le capitaine attrape Djeffh par le bras:
-"Non, j'entre seul, laisse le moteur tourner. Je prend de quoi nous défendre et on
repart."

Suleyman ouvre la porte, il parait stressé, soupire, puis entre.
Djeffh, installé dans la voiture, est pensif. Il lève les yeux vers le rétroviseur central, et
observe Shrila, qui semble fatiguée, épuisée et dépassée par les événements.
Le futur de leur relation est incertain, ce qui inquiète Djeffh, qui ne veux la perdre a
aucun prix, il s'imagine même pouvoir tuer pour elle, pour la rendre heureuse, il se sent
prêt à tout.

Le silence s'installe.
Soudain, un coup de feu retentit à l'intérieur, et des cris de terreur transpercent le calme.
Djeffh se tourne vers l'entrée du bâtiment, Shrila est paniquée :
-"Que se passe t'il?!"
Il ne sait quoi répondre.
Suleyman sort de la porte principal en courant, avec un grand sac, il ouvre la porte
passager, balance le sac à l'arrière, entre dans le véhicule et claque la porte :
-"Fonce ! Fonce ! Fonce !!", hurle le capitaine à Djeffh qui démarre et accélère à fond.
Le crissement des pneus sur le vieux goudron, puis le silence reprend place dans la voiture, seul la respiration de Suleyman se fait entendre.
-"Que... Que s'est il passé à l'intérieur?", interroge Djeffh.
-"Tu te souviens, quand je t'ai dit que l'on devrait peut être tuer pour sauver notre peau?
On est seul contre tous désormais...".
Djeffh acquiesce.
Le capitaine se tourne vers Shrila :
-"Hé ma grande? Ça va aller. Ne t'inquiète pas. Je sais que c'est dur..."
Elle baisse le regard, les yeux encore plein de larmes.
-"Prend le sac, regarde à l'intérieur, tu veux bien?"
Shrila s’exécute.
Le sac est en laine, probablement tricoté à la main, et assez ancien, en mauvais état.
-"Ouvre le, il y a une poche à l'intérieur, avec une petite boîte en cartons."
-"Opioïdes?"
-"Oui. C'est celle ci. Merci."
Suleyman prend la boîte, et en sort un tube, avec des comprimés blanc. Il en met un
dans sa bouche, les mains tremblante. Il respire et penche la tête en arrière, puis l'avale.
-"Ce sont des médicaments?", questionne Shrila, intrigué.
Il respire quelques secondes, encore tremblant :
-"En quelques sorte. C'est... Contre la douleur."
-"Tu as mal quelque part? Tu t'es blessé?"
-"Ne t'en fais pas pour moi Shrila, ça va aller.", rassure t'il en souriant à la jeune fille.
"Ce qui compte pour le moment, c'est de s'éloigner le plus possible de Pabianice et de
Lodz. Je connais un endroit, dans la campagne, on y sera tranquille, pas de voisins à moins de deux cents mètres autour, et il y a un jardin avec largement de quoi vivre."

L'après midi passe, la nuit est tombé. Deux heure du matin.
Djeffh commence à sentir la fatigue l'envahir :
-"Repose toi, je vais conduire." dit le capitaine.
Les deux hommes descendent de voiture, Djeffh remercie Suleyman. Il s’apprête à prendre la place
passager et remarque qu'à l’arrière de la voiture, Shrila s'est assoupie, Djeffh décide 

finalement de monter derrière, à côté d'elle.
Il s'installe doucement, et essaie de ne pas la réveiller. Le capitaine démarre et ils
poursuivent la route.
Djeffh observe le visage de la jeune femme pendant de longues minutes, il se remémore
tout ce qui leur est arrivé depuis leur rencontre.
Et puis il y a ce souvenir du passé lointain, qui remonte sans cesse à la surface. Cela le
hante, le fait réfléchir, et il ne comprend pas ce que tout ceci signifie, ce qui l'agace.
Il finit par s'endormir.

Les heures passent. Djeffh se réveille à l'aube, Shrila et allongée dans ses bras. La
voiture est arrêté et Suleyman n'est plus là. Il regarde dehors et observe un grand terrain,
avec de hautes herbes et au loin une vieille maison en briques rouges claires, dont la façade est légèrement abîmée par le temps, et avec un toit construit en bois. Djeffh soulève Shrila délicatement, et sort du véhicule. Il regarde autour de lui, et voit Suleyman qui lui fait signe de la main :
-"Par ici!"
Il s'avance vers lui, en évitant les nombreuses flaques d'eau au sol.
-"Comment va tu ce matin? Je n'ai pas voulu vous réveiller. C'est un peu la campagne
profonde ici, mais on devrait bien s'y plaire."
Djeffh regarde partout aux alentours, observe, comme pour repérer le moindre détail.
-"Quand Shrila se réveillera... Il faudra que je lui parle... Juste elle et moi."
-"D'accord. Est ce que cela a un rapport avec moi? Tu peux me parler tu sais."
-"Ça n'a rien à voir avec toi. C'est... Entre elle et moi."
-"Bien. Va donc réveiller la demoiselle. Je vous attend à l'intérieur."

Djeffh retourne à la voiture, et s'assied à côté de Shrila, l'observe à nouveau, subjugué
par sa beauté.
Elle commence à bouger, ouvre les yeux et remarque Djeffh, qui la regarde
intensément. Elle s'étire et lui demande d'une voix fatiguée :
-"Qu'y a t'il?"
-"... Ton prénom... a bien été choisit...", Djeffh rougit.
-"Tu crois?" répond elle en souriant, puis elle poursuit
"Nous sommes arrivé?"
Djeffh acquiesce. Alors qu'elle s'apprête à sortir de la voiture, il la retient par le bras, et
baisse la tête.
-"Shrila... Je... J'ai quelques chose à te dire."
Elle se réinstalle face à lui, et le regarde dans les yeux :
-"Dis moi?"
-"Tu te souviens au village... Tu m'as demandé... Mes souvenirs, ce que je sais du
passé..."
-"Hum? Tu ne t'en souviens plus, c'est ça?"
-"Oui... Mais, quelque chose tourne en boucle dans ma tête... Quelque chose que je
ne comprend pas, pourtant ça me fait mal..."
-"Raconte moi. Je peux t'aider."
Il acquiesce, ne trouvant pas les mots, réfléchit quelques secondes.
-"Je... J'ai eu un accident. En voiture. Je ne sais plus quand, ni comment c'est arrivé... Ça
me rend triste à chaque fois que j'y pense... Est ce que j'ai tué...? Il y avait une personne
dans la voiture, avec moi... Des flaques de sang, de la douleur, quelqu'un à souffert..."
Shrila est touchée par cet aveux. Elle peut sentir la douleur qu'endure Djeffh.
Elle le prend dans ses bras, ne sachant quoi lui dire, malgré sa volonté de l'aider. Elle le
sent trembler.
-"Et si je ne suis qu'un criminel? Les seules choses dont je me souviennent, ce sont des
meurtres, du sang et de la souffrance..."
-"Tu es quelqu'un de bien... Je le sais. Tu as du mal à te contrôler... Tu te sens seul et
abandonner... Mais je t'aiderais. Un jour tes souvenirs reviendront... Et je serais là pour
toi.", dit elle à voix basse.

Djeffh apprécie ce moment. Lui même sais qu'il ne peu plus rester seul. La solitude le
tue, mais pourtant, il sais aussi que Shrila a raison : il n'arrive pas à contrôler ses
émotions.
Et ces émotions, qu'il découvre, sont peut être dangereuse pour lui, mais surtout pour
les autres. Djeffh s'interroge, se questionne lui même : ne suis je qu'une bombe à
retardement?
Cela le terrifie.

 

Après quelques instants silencieux, ils se décident à sortir de la voiture et à rejoindre
Suleyman.
Ils traversent le champ de fleurs et de hautes herbes. Arrivé à la moitié du
chemin, Djeffh s’arrête devant 3 grands arbres fins, et les observent, se demandant ce
qu'ils peuvent être. Shrila le rejoins et remarque à son tour l'étrangeté de ceux-ci.
Finalement, ils poursuivent leur route et arrivent devant la vieille demeure où les attends
Suleyman. C'est une ancienne maison de briques et de bois, sans doute construit par des amateurs, et on remarque facilement des défauts de fabrications, l'intérieur est fait de bois, comme un chalet.


En entrant, on remarque un grand espace vide, les mur en bois fait de planches épaisse se tordent, se replis sur elles même et se décollent par endroits, et l'on peut aisément remarquer le bricolage manuel effectué pour réparer les dégâts, rafistolés avec des câbles de fer ou renforcés par des planches cloutés.

Dans un coin une petite table ronde sur lequel sont posés trois assiettes, des couverts et des gobelets en verre rayés.
-"J'ai préparé de quoi manger, je ne suis pas vraiment un bon cuisinier, je suis même
plutôt mauvais, mais ça nous donnera de l'énergie.", dit Suleyman, avant de se mettre à genoux :
"Fiou... Bon sang j'ai très chaud, je crois que l'été va être difficile".
Djeffh et Shrila se regardent, étonnés :
-"Sul', tu vas bien? Il fait plutôt frais dans cette pièce.", demande la jeune fille, inquiète.
Le capitaine se relève :
-"Ne t'en fais pas, j'ai peut être un peu de fièvre, ça passera. Mangez, je vais m'occuper
de remettre le jardin au propre, vous m'aiderez cet après midi, on va remettre cet endroit
en état."
Il sourit, puis entre dans une pièce où sont entreposé deux tables l'une sur l'autre derrière la cuisine, et où il récupère des outils de jardinages, dont un râteau cassé en deux.

Le soleil s'illumine, masqué par moments de quelques nuages.
Djeffh, sur le seuil de la porte, admire ce magnifique ciel bleu, synonyme d'un renouveau
pour lui. Il s'imagine, pourquoi pas, rester dans cette petite maison de campagne. Cet
endroit, plutôt sale, et triste pour le moment, mais habité par un certain charme,
pourrait, avec leurs efforts et cette envie d'un lieux de paix, motivé par ce souhait de
protéger Shrila, devenir un petit paradis.
Djeffh est conscient de cela, et veut tenir cette promesse qu'il a faite à son amie.

Le jeune homme marche quelques pas sur le chemin de terre en continuité de la maison,
et rejoins Suleyman, accroupi dans un grand carré de terre, plantant des graines dans le
sol.
-"J'ai beau adorer jardiner, je m'y perd. Ces graines là... Je n'ai pas la moindre idée de quel plante il s'agit. Ce sera un miracle si j'arrive à faire pousser quelque chose."
explique le capitaine, le voyant arriver.
Djeffh s'accroupit, et plonge sa main dans sa poche. Il en sort une petite pochette, et
demande :
-"J'ai des graines de Santal... Tu crois qu'on pourrait en faire pousser?"
-"Certainement. Je ne connais pas beaucoup cette plante, mais on peut essayer."
Djeffh prend délicatement trois graines qu'il tend à Suleyman.
Les deux hommes passent une bonnes partie de l'après midi à arracher des mauvaises
herbes, embellir le jardin et ses environs, pour rendre l'endroit plus charmant.
En début de soirée, Shrila les rejoins, avec une sorte de corbeille en vieux bois tissé,
elle s'approche d'eux :
-"Le jardin est magnifique maintenant. J'ai fouillé un peu la maison, et j'ai trouvé
beaucoup de choses intéressante."
Elle prend un pull fin dans la corbeille:
-"J'ai trouvé ces vieux vêtements que j'ai lavé. Djeffh, tu devrais mettre celui ci, ton
débardeur est vraiment sale !" dit elle en souriant.
Elle lance le pull de laine noir à Djeffh, puis s'approche du capitaine pour lui demander :
-"Sul', ça ne te dérange pas au moins? Mon comportement est peut être un peu
irrespectueux, c'est chez toi après tout."
L'homme lève la main, signe de son accord, et lui sourit.

Le soir tombé, ils passent à table, mangent ensemble. Alors que Suleyman est plutôt
bavard, on peut facilement se rendre compte que Djeffh est ailleurs, aspiré par ses
pensées.
-"Vous savez, quand j'étais gamin, ma mère, mon grand frère et moi avons vécu ici. Nous
avons rendu folle notre mère avec toutes les idioties que nous avons pu faire. Je me
souviens d'une fois où nous avons volé un vieux tracteur, un paysans l'avait laisser sur la
route, avec le moteur allumé, sans doute qu'une envie pressante l'avais obligé à
s'absenter quelques minutes. Mon frère n'a même pas réfléchit deux secondes. Le taco
à finit sur le dos après seulement trois minutes, un véritable exploit, mais seulement
jusqu'à ce que le propriétaire arrive, ébahi mais surtout fou de rage, et nous course sur plus d'un kilomètre avec sa ceinture à la main !".

La bonne humeur s'installe dans la pièce et ils terminent la soirée calmement en
discutant du passé, en racontant quelques anecdotes, et en sirotant un verre de bière.
La nuit arriva très vite et ils décident de s'en aller dormir assez tôt.
Suleyman explique :
-"Demain, j'ai beaucoup de chose à faire. Je dois récupérer de quoi manger, et diverses
outils de "confort", dans une vieille supérette à quelques kilomètres. J'aurais besoin de tes
muscles Djeffh, pour porter des bouteilles de gaz. Shrila, il y a un long chemin derrière le
champs avec des pousses de baies, des mûres et des arbres fruitiers. J'ai remarqué ton
intérêt pour la nature. Si tu le souhaite, vois ce qu'il y a de bon à récupérer, et arrache les
fruits pourris. Ça sera une journée chargée !"

Il leurs demande de le suivre à l'étage :
-"Il n'y a que deux lits dans cette maison. Le lit double est ici, vous allez tous les
deux dormir là et je prendrais la chambre en bas."
Shrila est visiblement gêné par la situation mais acquiesce.
Le capitaine les laisse entrer dans la chambre, puis redescend rejoindre la sienne.

La jeune fille s'avance vers la fenêtre et ferme les vieux volets en bois.
La chambre est étonnement propre et rien ne semble abîmé, contrairement au reste de
la maison, frappé par les rouages du temps.
Elle se tourne pour demander à Djeffh, en le regardant droit dans les yeux :
-"Ça ne te dérange pas de dormir avec moi?"
Le jeune homme rougit.
-"Non... Non. Pourquoi cette question?"
Elle lui sourit, puis lui dit :
-"Tourne toi, je vais me changer, ne regarde pas, hein !"
Djeffh est intimidé, et s’exécute, encore plus rouge.
Il s'assied sur le lit, tête baissé. En relevant les yeux, il remarque le reflet de la jeune fille
dans la vitre, et son cœur s'emballe à la vision des formes de Shrila, à la vision de son
corps magnifique. Les courbes de ses hanches sont d'un arrondis parfait, sa peau irréprochable et ses allures de princesse, Djeffh est comme envoûté, paralysé, et alors que la jeune fille se tourne pour prendre ses sous-vêtements posé sur l'oreillet du lit, il baisse la tête, ne se sent plus capable de résister à son charme, son aura intense et sa gestuelle de déesse.

Toutes ces émotions nouvelles viennent, une fois de plus, mettre Djeffh en transe, il a perdu le contrôle de lui, mais cette fois pas à cause de la colère, non, à cause de ce qu'il ressent pour la jeune fille.

Les deux s'allongent, chacun à un bout de lit, comme s'ils se repoussaient. Djeffh, le cœur
encore battant, se tourne sur le dos, les yeux grand ouvert. Il regarde le plafond, et prend
la parole, de tout son courage :
-"Shrila... Je..."
Elle se tourne à son tour, puis répond :
-"Tu... n'est pas obligé de le dire. Je sais que c'est dur pour toi."
-"Je t'aime."
Un silence s'installe dans la chambre, et Shrila, la gorge nouée, une larme lui montant à l'œil, répond :
-"Djeffh, je le sais. Et moi aussi, je t'aime."
Elle le prend dans ses bras, son cœur s'emballe encore plus. Il remarque cette petite larme sur sa joue :
-"Tu est triste?"
-"Non, pas du tout. Au contraire."
Shrila rapproche son visage de Djeffh, prête à l'embrasser, et pour la première fois depuis leur rencontre, son corps ne se sent pas obligés de la repousser.
Le moment est intense, Djeffh comprend ce qu'est l'amour, pour la première fois depuis son réveil dans la grange. Ce qu'il recherche depuis tant de temps, ce n'est que ça. L'affection d'une autre personne.

Il l'accepte.

A partir de ce moment, il sait que tout va changer pour lui. Tout va changer, et dans le bon sens.

 

 



16/02/2014
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Prologue 1 : Chemin sans espoir [6/8]


 


     -"Debout les jeunes, une longue journée nous attend !" dit Suleyman en ouvrant le vieux rideau, puis les volets en bois.
Shrila se réveille la première. Elle s'approche de Djeffh, encore endormit, et l'embrasse sur la joue. Le
capitaine qui assiste à la scène, sourit.

Il ouvre une porte qui mène à une petite salle de bain derrière la chambre :
-"Si vous souhaitez prendre une douche, n'hésitez pas. On a de l'eau chaude, du savon, et même du
shampoing. C'est génial, non?"
Suleyman quitte la pièce et redescend, on peu entendre le craquement des vieilles planches de
l'escalier.
Djeffh commence à ouvrir les yeux, la jeune fille est assise à côté de lui et le regarde. Sa vision est
trouble et la lumière du soleil sur le corps de la demoiselle forme un halo blanc autour de sa silhouette.
Il tend sa main un peu au hasard :
-"Est ce que tu est un ange?", demande t'il.
-"Peut être bien."
Sa vision s'éclaircit et devient plus net.
Djeffh sourit et lui lance:
-"Mon petit ange, tu as besoin d'un bon coup de peigne."
Les deux jeunes rient.
Après s'être échangé quelques regards, ils partent prendre une douche ensemble.

Le soleil arrive à son zénith, Djeffh et Shrila rejoignent Suleyman dans le jardin.
-"Alors? Ca fait un moment que je vous attend !", dit il sérieusement, avant de rire lui même :
"Je ne suis pas crédible en capitaine strict, n'est ce pas?"
Shrila hoche la tête.
L'homme range ses outils de jardinage dans un grand sac de tissu militaire.
-"Djeffh et moi partons à la supérette. Le patron est un vieil ami, on ne devrait pas avoir de problème
particulier. Shrila, j'ai préparé des vêtements pour toi. Je n'aime pas beaucoup te voir dans cette tenue.
Si les soldats du KBW arrivaient ici par hasard, ils comprendraient directement que tu es celle qu'ils
cherchent avec tes habits traditionnels d'Inde... Euh... Comment tu appelle ça ?"
-"Un Sari?", répond la jeune fille.
-"Exactement. Tiens."
Il lui tend une grand bassine avec des vêtements propre.
"Ils sont encore humides. Met les à sécher au soleil, et tu pourra les porter dès cet après midi. Un vieux jean et un pull fin à manches longues. C'est pas vraiment à la mode, mais ça passe partout."
Shrila le remercie et prend les vêtements.
-"Bien. Djeffh, nous partons de suite."
Il se tourne vers la jeune fille et finit :
-"Shrila, tu sais ce que tu as à faire cette après midi? Il y a des gants sur la table là bas. Tu sais
reconnaître les fruits mûres je pense. N'oublie pas d'enlever ceux qui sont pourris des arbres. Nous
serons de retour dans moins de deux heures. Essaie de rester à l'ombre, le soleil tape fort aujourd'hui."

Les deux hommes s'avancent vers la voiture, le capitaine monte à la place passager. La jeune fille
retiens Djeffh quelques secondes et l'embrasse une dernière fois, avant de le laisser rejoindre
Suleyman. Ils se sourient.

Djeffh démarre la FSO.
Aucun nuage dans le ciel. La température monte très vite dans le véhicule, et le temps est sec.
-"On aura de la chance si on ne se prend pas un orage au retour.", explique Suleyman.
Le capitaine sort son tube de médicament de la poche de sa veste, et avale un cachet.
Djeffh regarde l'homme, sans dire un mot, mais l'ex soldat comprend ce qu'il pense :
-"Ne t'en fais pas, j'ai quelques douleurs dans le dos, sûrement à cause du jardinage. Ça passera !"
Djeffh acquiesce.
Il se concentre de nouveau sur la route, mais une question lui vient à l'esprit. Il hésite et finalement, il se décide à la poser :
-"Sul'... Tu crois que Shrila m'aime parce qu'elle a pitié de moi?"
Il semble étonné par cette remarque du jeune homme :
-"Je ne sais pas. Qu'en pense tu? Shrila est une fille très bien, non?"
-"C'est une fille bien..."
-"Elle t'aime pour toi. Tu dois avoir une totale confiance en elle. Écoute, tu ne dois pas suspecter le pire et voir le mal partout. Tu es trop méfiant, Shrila est une jeune fille très bien, je n'ai aucun doute."
Djeffh sourit et semble rassuré.
-"Merci."
Ils poursuivent leur trajet.

Djeffh longe une grande route dans les champs, puis arrive a un carrefour. En empruntant le virage, il se tourne vers le capitaine et remarque qu'il est assoupi. Djeffh termine la trajectoire et suis un chemin de terre.
Il jette à nouveau un coup d'œil à Suleyman qui dort toujours. Le jeune homme lui donne un léger coup d'épaule pour le réveiller.
-"Pardon? Oh. Excuse moi, je ne sais pas ce qui m'a pris. Je suis assez fatigué..."
-"Par où je dois allez?", interroge Djeffh.
-"Là, prend la prochaine à gauche."

La supérette se trouve à l'entrée d'un petit village. Des fleurs de toutes sortes jonchent les chemins, les allées et les rues, l'odeur agréable des plantes est fortement amplifié par la chaleur de l'atmosphère.
Suleyman demande à Djeffh de se garer juste devant la porte sur le côté de la boutique, là où sont
entreposés des pompes à essence et les barils de gaz :
-"Ça sera plus simple de les charger d'ici."
Le jeune homme s'exécute, s'arrête au plus prêt, puis relève le frein à main.
Suleyman descend du véhicule, observe les environs, puis explique :
-"Je rentre à l'intérieur récupérer tout se dont nous avons besoin. Toi commence à charger des
bouteilles dans la voiture, on en prend 5 ou 6, essaie d'en entrer le plus possible. Tiens, prend les
gants sous mon siège."
Il enfile la paire de vieux gants du capitaine, et s'approche des bombonnes de gaz. Il
attrape la première et la soulève délicatement pour jaugé le poids de celle ci. Il ne ressent aucune
difficulté et la tiens de sa seule main droite, pendant que la gauche ouvre le coffre de la FSO. Une fois
celle ci chargée, il observe l'intérieur du véhicule pour voir quelle serait la meilleure manière de placer le plus de barils possible.
Au retour, il en prend une dans chaque main, et les monte sans problème dans l'arrière du véhicule.
Djeffh entend la porte du magasin s'ouvrir, se tourne et voit Suleyman soulever péniblement deux sac
plein. Il s'avance vers lui et prend le sac le plus lourd.
-"Fiou. Tu sais que j'aimerais bien avoir la même force que toi, parfois." dit le capitaine en riant.
"Bon, on doit pouvoir entrer encore une bouteille, si on place les autres correctement."
Suleyman en prend une et fais signe à Djeffh de l'aider à la porter. Ils tiennent chacun un bout, mais le
capitaine semble ressentir une difficultés :
-"Ahhh ! Mince ! Attend, ma main à glisser."
Il secoue sa main de douleur et remarque qu'il c'est coupé avec un morceau tranchant dépassant de la bouteille de métal.
-"C'est pas vrai !"
Djeffh charge le dernier baril dans la FSO et s'approche de l'homme, qui sert son poignet avec sa main :
-"Ça va aller?"
-"Oui oui, ne t'en fais pas."
Djeffh entre dans le véhicule, ouvre le sac de course, et prend un tissu propre encore dans son
emballage plastique. Il demande à Suleyman :
-"Enlève ta main, je vais faire un bandage pour éviter l'hémorragie."
-"Non laisse, ce n'est qu'une petite coupure, ça ira."
-"Sul', je sais ce que je fais."
-"Laisse moi tranquille, je te dis que ça va aller !", lui hurle t'il en le repoussant d'un coup d'épaule.
Djeffh le foudroie du regard, le dévisage, et comprend qu'il ment.
Il enlève de force sa main de la coupure, et s'apprête à lui faire un bandage, quand quelques chose
l'interpelle :
-"Bon dieu. Ton sang... Il est blanc !"
Le jeune homme pâlit à la vision de l'étrange liquide.
Suleyman baisse la tête, prend le tissus et le sert lui même autour de sa plaie.
Djeffh reste droit, debout, sous le choc pendant de nombreuses minutes, avant de rejoindre le
capitaine dans le véhicule, abasourdie.

Un silence c'est installé dans la voiture. Djeffh est perturbé.
-"Sul'... Est ce que tu as..."
L'homme baisse la tête, puis l'interrompt.
-"Oublie... Ce que tu as vu, ce n'est rien du tout."
Djeffh se tourne vers lui, le regard fixe :
-"La fièvre, la fatigue, les crises de nerfs... Le sang blanc. Tout ça c'est..."
Suleyman sais qu'il a comprit.
-"Ne dis rien à Shrila. S'il te plaît."
Djeffh freine brusquement, et s'arrête au milieu de la route.
Les larmes commencent à monter, mais il se retient de toute sa force, avant de questionner l'homme :
-"Il te reste combien... Combien de temps?"
Le capitaine respire très fort :
-"Je ne sais pas... Je n'ai jamais reçu aucun soins. Cinq ou six mois, au mieux", répond il en hochant la tête.


Les nuages commencent à masquer le soleil, et la pluie tombe. Après quelques heures de route sans
aucune parole, sous un orage fort, ils sont enfin de retour à la maison de Suleyman.
Le ciel est sombre, gris, d'une couleur très triste.
Djeffh aperçoit Shrila au loin, dans une allée sous une sorte de serre faite de bois où elle cueille les
fruits d'un grand mûrier qui se prolonge sur tout la forme de l'abri. Celle ci les voit arriver également et décide de les rejoindre. Lorsqu'elle y est, Shrila remarque que les deux sont anormalement calmes, et demande à Suleyman :
-"Tout va bien?"
Il sort les deux sacs remplis du coffre :
-"Oui. Oui. On a tout ce qu'il nous faut pour un bon mois..."
Elle s'avance vers Djeffh et le questionne en murmurant :
-"Qu'est ce qu'il a?"
Il reste figé, ne répond pas, ses cheveux humides, et l'eau qui s’écoule sur son visage ne semble pas
le faire réagir. Il rejoins le capitaine, l'aide à porter les sacs jusqu'à l'intérieur de la maison.

L'après midi passe dans l'interrogation totale. Djeffh aimerait en savoir plus. Comprendre ce qui est
arrivé à Suleyman, l'aider à trouver un moyen de guérison. Il sait que son ami va en mourir, s'il ne fait
rien.

La soirée arrive, la nuit commence à tomber. Ils passent à table. Le capitaine à préparé un plat de veau et de haricot frais. A nouveau le silence s'installe.
Shrila lance de nombreux regards interrogatifs à Djeffh, et elle comprend rapidement que celui ci ne
peut répondre à cause de la présence de Suleyman.

La nuit est bien tombée, et Shrila fait signe à Djeffh de le suivre à l'étage, Suleyman est assis sur le
vieux canapé et sirote une boisson alcoolisée, peut être de la vodka.

Les deux jeunes se retrouvent dans leurs chambres à l'étage, Djeffh entre en second et Shrila referme
la porte derrière lui.
Elle se tourne en sa direction, lui s'est assis sur le lit, et le regarde fixement.
La jeune fille semble avoir des tas de questions à lui poser, mais ne trouvant pas les mots, Djeffh
commence à lui parler :
-"Shrila... Quelque chose tourne en boucle dans ma tête. Je me demande... Qu'est ce qu'il y'a... Après la mort? Et si le cerveau ne mourrai pas... Pas en même temps que l'homme, mais continuait de penser éternellement. Alors que tout autres sens auraient disparus du corps... Il n'entendrait plus, ne sentirait plus, ne verrait plus... Mais le cerveau continuerai de penser... Est ce que ça se passe comme ça? Ce serait comme si... Le corps était enfermé dans une boite noire, sans odeurs, sans sensations, sans rien, totalement vide. Ca serait sans doute une véritable torture..."

La jeune fille le regarde ébahi, puis comprend que quelque choses de grave s'est passé :
-"Que vous est il arrivait? Pourquoi me demande tu ça?"
Il baisse la tête, semble vouloir tout avouer, mais se retient.
"Parle moi, je t'en supplie !"
Djeffh se prend la tête dans les mains, relève les yeux, le regard vers Shrila, il avoue.
-"Suleyman... Il a un cancer. Une leucémie..."

La jeune fille est sous le choc. Elle s'assied lourdement au sol, et les larmes commencent à lui monter
aux yeux.
-"Est ce qu'il t'a dit..."
-"Six mois... Environs... Il ne voulait pas que je t'en parle..."

Djeffh s'approche d'elle et la prend dans ses bras. Shrila est effondrée. L'homme qui a tout fait pour les sauver va mourir, et ils ne peuvent rien faire. Même s'il ne le montre pas, Djeffh est abattu. Et pensif.

Le lendemain matin, Djeffh se lève à l'aube. Il reste assis pendant de nombreuses minutes, immobile
sur le lit. Il entend le bruit de plusieurs voitures à l'extérieur. Djeffh n'y prête pas attention. Il pose sa
main sur l'épaule de la jeune fille et la secoue légèrement pour la réveiller. Celle ci se tourne vers lui, et cache ses yeux du soleil traversant la fenêtre avec sa main.
-"Djeffh? Qui y a t'il?"

Le jeune homme ouvre la bouche mais aucun mot ne vient. Shrila se redresse dans le lit, et le regarde
avec insistance droit les yeux :
-"Ça va aller?"
Djeffh acquiesce.
-"Shrila... Est ce que... Tu pense que Suleyman est quelqu'un de bien?"
La jeune fille semble étonné de cette question, mais ne répond pas.
"Je veux dire... Est ce que tu pense que... Cette bonne action qu'il a accomplit... Nous sauver... Quand il a apprit qu'il avait un cancer, peut être qu'il a eu peur... Pour son âme. Peut être qu'il demande pardon à Dieu... Les soldats du KBW... Ce sont rarement des gens bien."

Shrila est confuse, puis presque énervée, mais elle ne répond pas. La pensé de Djeffh se tient, elle le
sait, les membres du Korpus sont recrutés pour tuer. Elle est perdue et ne sait plus quoi penser. Shrila se demande où tout cela les mènera.
Djeffh prend sa main, et la regarde dans les yeux :
-"Quoi qu'il arrive... Je jure de te protéger. Moi aussi je... Je dois demander pardon auprès de Dieu."

Shrila quitte la chambre et entre dans la salle de bain, pour prendre une douche. Djeffh reste assis
encore quelques minutes sur le lit, avec beaucoup de questions en tête. Il veux s'assurer que
Suleyman ne soit pas un danger pour Shrila. Jusqu'à présent, le capitaine a toujours eu toute l'amitié et les bon sentiments de Djeffh, mais ce dernier est méfiant : que se passe t'il dans la tête d'une
personne atteinte d'un cancer? Que se passe t'il dans la tête de quelqu'un condamné à mourir?

Il descend au rez de chaussé d'un pas motivé. Djeffh va profiter que son amie soit occupée pour aller
questionner Suleyman. Il sort de la maison, et, sur le seuil, observe autour de lui, cherche Suleyman du regard, et l'aperçoit dans le jardin.
Le ciel est gris mais il ne pleut plus.
Il hésite d'abord à le rejoindre mais finalement s'y décide et marche d'un pas énergique. Une fois à sa
hauteur, il fait signe à Suleyman de laisser ce qu'il est en train de faire.
Celui ci se lève et demande :
-"Tu veux me dire quelques chose?"
Djeffh le percute du regard, comme s'il essayais de rentrer dans sa tête, de savoir à quoi il pense.
Le capitaine le regarde à son tour, et semble étonnement calme. Il commence :
-"Cette veste que tu portes, elle appartenait à mon grand frère. Elle te vas très bien."
Djeffh s'avance de plus en plus :
-"Sul'? Est ce que tu est une menace pour Shrila et moi?"
L'homme lui lance un regard étonné :
-"Tu... Djeffh, tu dois comprendre que, tout ce que j'ai fait, pour vous sauver, je l'ai fait parce que je
trouvais ça juste. Tu est en droit de t'interroger, c'est vrai, mais comprend que ce que j'endure... C'est pas facile. Par moment, j'ai simplement envie de pleurer, et je me demande... 'pourquoi moi?'... Je sais que toi aussi tu as un passé lourd, j'ignore ce que tu as vécu... En fait, je crois que toi et moi, on est exactement pareil. Je me confie rarement, et je ne fais quasi jamais confiance aux gens. J'aime la solitude. J'aime les animaux aussi. L'espèce humaine, me révulse parfois... Tu vois. Toi et moi, on a beaucoup de points communs."
Djeffh baisse la tête mais suis l'homme du regard.
"Tu sais, quand j’étais gosse, mon frère avait toute l'attention de ma mère, je me suis toujours senti
repoussé, comme si je n'était pas désiré. Lui recevait toute sa fierté. Mon frère est devenu soldat du
KBW très jeune, mais ce n'était qu'un criminel. A 20 ans, je me refusais d'emprunter le même chemin
que lui... Je ne trouvais aucun travail, alors ma mère ma mise à la porte. Du jour au lendemain, je me
retrouvais sans rien. J'ai penser un temps au suicide..."
Un cri interrompt l'homme. Shrila sort de la maison en courant et hurle aux deux hommes :
-"Par ici, vite !"
Ils accourent vers elle :
-"Que se passe t'il?" demande le capitaine.
-"Des voitures, la maison la bas ! Des dizaines !"
Djeffh se tourne dans la direction du bruit, plisse les yeux pour mieux voir.
Des dizaines de voitures s'arrêtent devant la maison à quelques centaines de mètres, derrière les longs champs.
Suleyman prend Shrila par le bras :
-"Oh, seigneur, on doit partir immédiatement !"
Djeffh se tourne :
-"Le KBW?!"
-"Pire. La mafia Russe."
Ils entrent dans la bâtisse, Suleyman remballe tout le matériel acheté la veille et les fruits cueillis dans
son sac militaire. Djeffh l'aide, puis demande :
-"Où sont les armes?"
-"Dans ma chambre, le meuble à côté du lit, tiroir de droite !"
Il s'y précipite.
Shrila est paniquée mais décide d'aider l'homme à porter le sac dans la voiture.
-"Qu'est ce que la mafia vient faire dans cette histoire?!"
-"Toute ces voitures, le parrain de la mafia russe doit sûrement être avec eux !"
-"Quoi?!"
-"S'il vient se reposer ici, et c'est ce que je pense, ils vont fouiller toutes les maisons alentours, et s'ils nous trouvent, on est foutu !"
-"Mais... Je ne comprend pas, ils n'ont rien contre nous?!"
Suleyman lui lance un regard inquiet, et répond :
-"Non. Mais ils ne prennent aucun risques."
Djeffh les rejoins en courant, le sac d'armes dans une main et un grand baril d'essence dans l'autre.
Ils placent en vitesse tout le matériel dans le coffre, et montent en voiture.
Djeffh desserre le frein a main, enclenche la première vitesse et accélère à fond, passe très vite ses
rapports, il emprunte un petit chemin de terre qui contourne les champs, puis prend une sortie menant sur la route avec un dérapage maîtrisé, qui lui permet d'accélérer sans perdre de vitesse. Djeffh semble savoir où il va :
-"On a besoin d'essence ! La supérette de ton ami, il y'en a la bas."
Suleyman acquiesce, signe de son accord.

Le danger est loin maintenant, mais ils ne pourront sans doute plus retourner dans la maison. Djeffh est attristé, car encore une fois, son désire de calme et de paix s'envole. Ils arrivent sur les lieux et se garent devant la pompe à essence d'où il fait le plein.
Shrila et Suleyman sortent le baril du coffre et le portent jusqu'à une seconde pompe pour le remplir.
Une fois le plein fait, le jeune homme les rejoins et porte le baril, très lourd, puis le remonte dans le
coffre.
Il s'apprête à quitté le lieu, mais Shrila l'interrompt :
-"On ne devrait pas... Payer, pour l'essence?"
Djeffh démarre et répond crûment :
-"C'est un ami de Suleyman."
Ils reprennent la route.
Djeffh roule des heures durant, réfléchissant, se demandant où aller, où vivre. Il repense à la vieille
grange, le souvenir le plus lointain qu'il ai, le moment où il se réveille dans le noir, allongé dans la paille,frigorifié, gelé, dans le froid total. Il se demande si les deux vieillards vivent toujours la bas, et si c'est le cas, comment prendre possession de leur maison sans tuer personne et sans que Shrila ou Suleyman n'apprennent ce qui s'y est passé. Le jeune homme est en pleine réflexion.
Cette décision semble bien trop lourde à prendre pour lui. Mais son seul désir désormais est de
protéger son amie, quel qu’en soit le prix.
Il doute. Ne sait pas quoi faire, et espère impatiemment que quelqu'un propose une idée qui lui évitera se retour au passé.

Le silence semble décidément vouloir s'installer dans la voiture, seul le bruit du moteur, poussé à
bout, comble le vide.
Djeffh jette un œil discret, observe le capitaine, assis à sa droite. Celui ci le remarque, et le regarde à
son tour, avant de demander :
-"Une idée pour la suite?"
Shrila passe sa main dans ses cheveux pour se recoiffer, et demande :
-"Est ce que... Est ce qu'habiter en ville est envisageable?"
Le calme reprend place, Suleyman semble dubitatif. Djeffh la questionne :
-"Tu connais un endroit où vivre, en ville?"
-"Oui. La maison de ma mère. Elle n' y vit plus parce que... Enfin... La maison n'appartient plus à
personne en fait, et... Je sais qu'on ne sera pas dérangé."
Suleyman toujours sceptique l'interroge :
-"Et où trouvera t'on cette maison, au juste?"
-"A Lodz..."
Le capitaine ouvre grand les yeux et se tourne vers la jeune fille :
-"Tu es folle?! Tu sais combien de gardes il y a au mètre carré?! Impossible que l'on passe inaperçu !
Tôt ou tard, l'un d'eux nous contrôlera et autant dire que nos chances de survie sont nulles !"
La jeune fille s’apprête à lui répondre, mais Djeffh intervient :
-"Ne lui parle pas comme ça ! C'est une excellente idée !"
Suleyman semble très énervé et s'adresse à Djeffh crûment :
-"Que dis tu?! A tu réfléchit un instant à ce que tu racontes?! C'est totalement ridicule ! L'amour te fais
perdre la tête ou quoi? Tu te fais manipuler par cette pétasse !"
Djeffh freine brusquement, la voiture dérape et s’arrête sur le goudron, ses mains serrent le volant
extrêmement fort, et l'on peut voir ses veines s’épaissir.
Il tourne son regard sombre vers l'homme, et lui répond :
-"Parle de Shrila comme ça encore une fois... Et je t'étripe."
Le capitaine ne baisse pas les yeux, et répond froidement :
-"Arrête de jouer le protecteur."
Djeffh d'un geste éclair empoigne l'homme à la gorge, et l'étrangle de toute sa puissance animale,
enragé. Shrila à l’arrière panique et hurle :
-"Arrête ! Je t'en supplie lâche le !"
Elle attrape les poignets du jeune homme et tire, essayant sans succès de le faire lâcher.
"Djeffh, tu n'es pas un meurtrier, arrête je t'en prie !".
Les larmes montent aux yeux de la jeune fille.
Djeffh le remarque, et ses émotions se bousculent. Il ne veut pas tuer l'homme, mais sa rage est
incontrôlable, il essaie de toutes ses forces de maîtriser cette puissance, mais impossible de
reprendre le dessus sur sa colère.
Suleyman, dans un dernier élan, puise le peu force qu'il lui reste et assène une puissante droite
à Djeffh, qui le percuter sous l’oeil. L'anneau qu'il avait à son doigt impacte la peau, et la déchire
légèrement.
Sous le choc, le jeune homme lâche prise, et s'écroule sur son siège.
Le capitaine respire fort, par accoue, et souffre énormément.
Djeffh passe sa main sur son visage, à l'endroit du coup reçu, un peu de sang s'écoule sur ses doigts.
La bague du capitaine l'a coupé juste sous l'oeil gauche.
Shrila est en pleure. Elle se sent coupable.
Suleyman se tourne vers Djeffh, épuisé, et lui dit d'une voix faible et abîmé :
-"Je suis... Désolé..."

 



12/03/2014
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Prologue 1 : Le baiser du démon. [7/8]

 

 

     Djeffh se réveille, dans la voiture à la place conducteur. Il se frotte les yeux, et observe autour de lui. 
Suleyman dort à sa droite et Shrila à l'arrière. Le soleil commence à se lever doucement, la nuit disparaît à mesure que le jour arrive, il est temps d'y aller.
Le jeune homme se frotte les yeux avec ses poignets, et se tourne vers Shrila, puis la secoue délicatement. 
Celle ci réagit vite et demande :
-"Djeffh... C'est le moment?"
-"Oui."
Il sort en premier du véhicule, et s'approche du coffre, qu'il ouvre. Il prend le sac d'arme, puis sort de celui 
ci un makarov, qu'il laisse en évidence. Djeffh fouille les sacs, et trouve celui qui contient la nourriture. Il met quelques fruits dans son sac d'armes, et referme le coffre. Le jeune homme s'avance vers Suleyman, et s'assure qu'il dort toujours. 
La jeune fille descend à son tour de la voiture et rejoins Djeffh. Celle ci lui demande :
-"Tu es sûr que c'est la meilleure décision?"
-"Certain..."
Ils commencent à faire quelques pas, en longeant un chemin de terre, qui les conduit, une centaine de 
mètres plus loin, sur une grande route. 
-"Alors... Tu peux m'en dire plus à propos d'hier soir?", demande la jeune fille.
-"Hé bien... Quand on s'est battu hier matin, il a dit... Qu'il était désolé. Il ne m'a pas parlé de l'après midi, et le soir... Il est venu discuter, comme si rien ne c'était passé."
-"D'accord, mais... Comment en es tu venu à lui faire dire que..."
-"On a fait un feu de camp. Dans la voiture, il y avait une vieille bouteille de liqueur, sûrement un truc fait maison. On en a bu un verre chacun... Ensuite je l'ai invité à en boire un second, puis un troisième..."
La jeune fille s'arrête de marcher, droite sur la route :
-"Tu l'as saoulé pour le faire avouer?", questionne t'elle.
-"Les gens ivres disent toujours la vérité."
-"Et... Ensuite?"
-"On a discuté, parlé de tout et de rien. Quand j'ai vu qu'il était 'prêt', je lui ai simplement demandé... 'Suleyman, est tu un danger pour Shrila?'... Et, la réponse était... 'oui'."
-"Attend... Tu veux dire que quand il était saoul, il a dit clairement qu'il était dangereux?"
-"Il ne l'a pas dit comme ça, mais dans les faits, c'est ça."
Shrila semble étonnée par cette révélation, elle qui voyait en Suleyman un homme bon et fiable.
-"Je suis trop naïve...", affirme t'elle.
Djeffh la regarde et répond :
-"Non. Moi aussi il m'a berné."
Ils poursuivent leurs marche, puis arrivent devant un panneau d'indication, avec écrit "Lódz, trzy kilometry, wszystko w porzadku.", la jeune fille regarde les alentours et dit à Djeffh :
-"Lodz est à trois kilomètres. On a qu'a longer cette route, là. Quand on arrivera, le couvre feu ne sera pas 
encore levé. On rejoindra discrètement la maison de ma mère. Je me rappelle parfaitement des lieux, en empruntant les ruelles, on arrivera facilement à destination si on reste discrets"
Djeffh la regarde, et passe sa main dans le col de la jeune fille, ils se regardent droit dans les yeux :
-"D'accord, je te fais confiance. Mais tu vas devoir enlever le collier. Il est trop visible.", affirme t'il.
La jeune fille acquiesce, et range le bijoux que Djeffh lui a offert dans sa poche.
Après avoir longé la route calme avec quelques habitations d'un côté et la forêt de l'autre, ils arrivent à l'entrée de la ville. 
-"Lodz est une grande ville, et ma maison est en plein centre. Il nous reste encore un peu de chemin mais en passant par des raccourcis, ont y arrivera rapidement."
Les deux jeunes empruntent des ruelles assez mal éclairé. Ils repèrent quelques gardes du Korpus et les contournent. Après une bonne demi heure, Shrila dit à Djeffh :
-"C'est cette rue. Là bas."
Le jeune homme observe. C'est un grand bâtiment, qui ressemble à un immeuble. Il demande :
-"Tu n'avais pas parlé d'une maison?"
-"Si. C'est juste derrière. Elle est plutôt bien caché avec tous les immeubles qui l'entourent."
Djeffh remarque un panneau, qu'il lit à haute voie :
-"Kapitana Pilota Franciszka Zwirki*...?" (*Capitaine Franciszka Zwirki)
-"C'est le nom de la rue. Apparemment c'était quelqu'un d'important, mais je ne sais absolument pas qui c'est."
Ils empruntent une petite allée qui contourne l'immeuble, et arrivent dans une sorte de lotissement, avec plusieurs maisons collées les unes aux autres.
-"C'est ici.", affirme la jeune fille, visiblement émue d'être de retour dans ce lieu.
Shrila s'avance vers la porte, et regarde autour d'elle avant de poser sa main sur la poignet de la porte et de la tirer vers elle. Djeffh, qui la regarde faire s'interroge et demande :
-"Que fais tu?"
Elle tire un coup sec, et un petit claquement se fait entendre. Une clef tombe au sol. Shrila la ramasse:
-"Cacher une clef dans un pot de fleur ou sous un paillasson, c'est trop commun, non?", répond elle en souriant.
La jeune fille ouvre la porte puis entre. Djeffh ressent l'émotion de Shrila, presque en larme. Il ne connaît pas son passé, pourtant il sait que quelque chose de fort à dû se passer ici. Il hésite à rentrer, et reste sur le seuil de la porte. A l'intérieur, Shrila prend un cadre et l'ouvre. Elle en sort la photo et l'observe pendant de longue secondes, et semble submergée par la valeur émotive que dégage celle-ci. 
Djeffh se décide finalement à s'approcher d'elle. La jeune fille range rapidement la photo dans sa veste, et se tourne vers le jeune homme en lui souriant. 
-"Tu devrais retourner dormir. Repose toi, d'accord? J'ai quelques affaires à régler.", dit elle, avant d'entrer dans une petite pièce, la salle de bain. Djeffh entre dans la chambre, un endroit vide avec seulement un lit et un petit meuble. Il ouvre légèrement la fenêtre et s'assied, pensif.

Le jour est bien présent désormais, le soleil brille, le couvre feu est levé et les habitants commencent à sortir de chez eux, et à animer la ville. Djeffh est allongé dans le lit. Il remarque qu'a un endroit, le matelas est légèrement déchiré, et qu'un ressort perce le tissu. Il aperçoit une plume dépasser de la déchirure mais n'y prête pas attention. 
Djeffh tourne la tête en direction de la fenêtre qui est entrouverte, et sent la chaleur qui émane de 
l'extérieur. Il sort du lit. La chambre est au rez de chaussée, mais il y'a un étage. La maison est visiblement assez ancienne, et est assez sale, probablement car personne n'y a mis les pieds depuis longtemps. Elle est faite de briques, et un crépis gris colore les murs extérieurs. Le sol de la maison est intégralement fait de bois. Une sorte de parquet ancien qui est en bon état, en revanche, les murs recouverts de papier peints subissent, eux, les dégâts du temps, déchirés et poussiéreux. 
En marchant jusqu’à la porte de la chambre, Djeffh se questionne. Si Suleyman est réellement un danger, ne va t'il pas tenter de les retrouver pour se venger de leur abandon? Il se questionne, et se dit qu'il devrait en parler à Shrila.
Il la cherche dans la maison mais ne la trouve pas. Il sort paniqué de l'endroit et, à l'exterieur regarde autour de lui. Djeffh se demande si Suleyman aurait déjà pu les rattraper et trouver l'endroit. Il essaie de se ressaisir, en affirmant à haute voie :
-"Non. Si Suleyman voulait se venger, il ne s'y prendrai pas comme ça ! Il ne peut pas venir à Lodz, il sera facilement repéré par le KBW !"
Le jeune homme court jusqu'à rejoindre une grande place bondée de monde, et hurle le nom de son amie :
-"Shrila ! Où es tu ?!"
Il la voit au loin, au milieu de la foule entrain de discuter avec une jeune femme. Djeffh accourt vers elle : 
-"Shrila !"
La jeune fille se retourne :
-"Oh? Djeffh, quelques chose ne va pas?"
Il la saisie par le bras et l'emmène quelques mètres plus loin, puis lui dit à voix base, visiblement fou de rage :
-"Mais qu'est ce que tu fais?! On doit rester discret, si Suleyman se pointe et qu'il décide de se venger ! Tu 
y a pensé?!"
La jeune fille le prend par la main :
-"Djeffh, ça n'arrivera pas. Suleyman est un traître pour le KBW, s'il vient ici alors... Ils le remarqueront immédiatement."
Le jeune homme acquiesce puis répond :
-"Oui je sais. Mais cet homme... Crois moi il est dangereux. Il est malin. Promet moi de faire attention !"
La jeune fille lui sourit et l'embrasse sur la joue :
-"Vient, je vais te présenter à mon amie."
Djeffh lui fait comprendre son accord d'un signe de la tête et la suit. 
-"Djeffh, voici Ewa. Une amie à moi. Cela faisait bien longtemps qu'on ne s'était plus vue."
Il la regarde de bas en haut, et lui dit :
-"Bonjour. Euh... Désolé pour mon... Intervention."
L'amie de Shrila lui sourit. C'est une jeune femme, d'environs 17 ou 18 ans, grande, fine et brune. Ses cheveux sont attachés. Elle portes une chemises en laine de couleur beige et une jupe basse noirs, abîmée. Elle a de grand yeux marrons claires et les traits typique de la femme polonaise.
-"Dzien dobry. Ravie de vous rencontrer, Djeffh. Shrila me parle beaucoup de vous.", répond Ewa, de sa voix douce.
Le jeune homme sourit. Ewa tient un panier recouvert d'un tissu blanc fin. Elle dit à Shrila :
-"Tenez. J'ai cueillis ces abricots ce matin. Ce sont les premiers de la saison, alors les gens se sont jetés dessus. Prenez en la moitié, les vitamines de ces fruits sont parfaits pour garder une bonne forme", affirme t'elle. 
Un homme avec un feutre masquant son regard et un grand blouson noir s'approche d'eux, se place devant Ewa comme si Djeffh et Shrila n'étaient pas là et lui dit méchamment :
-"Alors? Où est mon fric? Tu ne voudrais quand même pas que j'amoche ton beau visage en public? Maintenant que ton copain est plus là, t'es dans la merde hein ?!". 
La jeune fille recule d'un pas apeurée :
-"Je... Je vais payer, je l'ai promis.", dit elle avant que celui ci la prenne par le col.
-"Je ne fais pas confiance aux allumeuses comme toi."
Il ne la lâche pas et lui lance un sourire sadique. 
Djeffh, qui assiste à la scène, se tourne vers Shrila et dévoile un regard noir qui ne laisse pas de doutes sur ses intentions d'intervenir. La jeune fille le prend par le bras et lui fais comprendre que ce n'est pas une bonne idée, mais c'est trop tard, la colère l'a déjà envahi.
Djeffh s'approche d'un pas lourd et déterminé, puis assène une puissante droite à l'homme en noir qui s'effondre au sol et en perd son chapeau. Il se relève immédiatement et s'apprête à renvoyer son 
coup à Djeffh, mais celui ci, sans bouger d'un pas, bloque le poing de l'homme de son énorme main gauche et lui donne un bon coup de pied dans la cheville, qui l'envoie au sol une seconde fois. Djeffh se met à genoux et regarde l'homme droit dans les yeux :
-"Si tu traite cette femme de cette manière encore une fois... Je t'arrache la rotule et te l'enfonce de force dans la gorge. C'est clair ?"
Paniqué, l'homme acquiesce et le supplie de lui lâcher la main. Djeffh le repousse violemment et il s'enfuie, blessé, en courant.

Djeffh est toujours à genoux, et respire fort. Il se relève, reprend ses esprits et dit à Shrila :
-"Tu aurais dû m’empêcher de faire ça ! On dois rester discret !"
La jeune fille sait qu'il a raison, et ne sais pas quoi répondre. Elle aussi souhaitais voir cette homme se faire battre :
-"Djeffh... Tu dois apprendre à maîtriser cette colère."
Le jeune homme n'écoute plus et s'en va d'un pas décisif dans la direction opposé à la maison.
Shrila lance un regard interrogatif à son amie et accourt vers Djeffh, puis lui prend la main et le retient:
-"Djeffh? Que fais tu?"
-"Je vais par là. Si quelqu'un m'a vu, il pensera que j'habite là où je vais. Je veux éviter que des gardes frappent à notre porte demain matin."
-"Pourquoi? Parce que tu as réglé son compte à un Russe? Ici, même le Korpus n'apprécient pas leurs présence. Et vu la foule, je doute que quelqu'un ai fait attention à nous."
-"Hum... Je vais continuer par là, par précaution."
Il poursuit son chemin.
Le jeune homme est pensif, stressé, et n'a pas les idées claire. Cette ville devrait être un lieux de calme et de repos pour lui, mais trop de gens l'observent. Et si il avait déjà était reconnu? Djeffh ne veux pas attirer l'attention. Son objectif est toujours le même : protéger Shrila.

Après quelques minutes de marche, Djeffh arrive dans une grande avenue avec de nombreux magasins. Contrairement aux autres rues, celle ci semble développé et entretenue. Il décide de visiter le coin, et voir s'il ne trouve pas quelque chose à offrir à son amie. 
Finalement, il décide d'entrer dans un bar. De l’extérieur, l'endroit paraissait assez petit, mais de l'intérieur, c'est spacieux. La décoration est particulière mais jolie, et les gens semblent heureux de passer du temps ici. Djeffh s'installe sur l'unique tabouret libre devant le comptoir. Le barman discute avec deux hommes, qui visiblement n'en sont pas à leurs premier verre. Il écoute la conversation :
-"Et il y'a cette grande blonde Russe là. A cette salope, je la défouraille sans complexe ! Héhé", dit fièrement le premier,
-"T'est barjo ! Si Vladimir l'apprend, c'est toi qui t'fera défourailler sans complexe !", répond, hilare, le second homme à sa droite.
Le barman essuie un grand verre et le dépose devant Djeffh, tout en continuant de converser avec les deux hommes ivres :
-"Et la fille d'Adamcki, la plus grande... C'est quoi son nom déjà? Marta?"
-"Ah ouais... Quel beauté. Elle je l'a baise pas, je lui fais l'amour ! Héhé"
-"T'est barjo ! Si Vladimir l'apprend, c'est lui qui t'fera l'amour !"
-"Mais qu'est ce que tu raconte couillon ! Vladimir il aime que les animaux lui, c'est un putain de zoophile héhéhéhé !!"
Le barman s'arrête devant Djeffh et lui demande en riant :
-"Je vous sert quelque chose mon ami?"
Djeffh regarde l'étagère des alcools. Chaque variété est soigneusement trié par nom. Il observe les deux hommes et répond :
-"La même chose qu'eux."
Le barman se tourne et prend une petite bouteille en verre :
-"Voilà pour monsieur. Fabrication maison, y'a que ça de vrai."
Djeffh le remercie d'un signe de la tête, et prend le verre dans ses mains. Un des deux hommes ivre le regarde et lui dit :
-"Alors gamin, tu as peur?", il frappe son ami à sa droite et ensemble, encourage Djeffh :
-"Cul sec, cul sec, cul sec !"
Il les observes, et sans la moindre hésitation, avale le liquide d'un seul coup, avant de poser brutalement son verre sur la table et d'affirmer au barman :
-"C'est ma tournée ."

Les deux ivrognes le félicite, puis reprennent leurs conversations.
-"Et avant hier, au mariage, j'ai vu Irena, tu sais la serveuse !", affirme le premier
-"Celle avec un cul d'montgolfière?!", demande subjugué le second.
-"Ouais ouais ouais ouais ! Ce cul, nom d'un chien !"
-"Dis moi que t'l'as pas ... ?!"
-"Héhé ! Si !"
-"Non?!"
-"Si !"
-"Comment ta fais?"
-"Je lui ai dis 'hé chérie, je suis Vladimir Vozvyshennyy! Si tu ne viens pas à moi, je viendrais à toi !'. héhé"
-"Vraiment ! Pourtant ta salle gueule n'trompe personne !"
-"Fais attention à ce que tu dis, je pourrais être ton prochain père héhé !"
-"Va t'faire !"
-"Héhé, on s’énerve? Ta maman est encore plus chaude quand elle est en colère !"
-"Je vais... T'casser la gueule !", répond le second homme, visiblement furieux.
Il s'étend sur le bar et attrape du bout des doigts une des bouteilles de bière en verre sur l'étagère où sont rangé toute les boissons alcoolisé. L'homme l'ouvre d'un geste précis avec son briquet avant d'en assener un bon coup sur le crâne de son voisin de gauche, qui s’affale sur le sol de tout son poids, sonné, avec des débris de verre et de la bière partout sur lui.
Djeffh observe la scène, et ne semble pas émettre la moindre réaction, tout comme le barman, qui semble juste ennuyé de devoir nettoyer. L'homme ivre s'approche de lui, avec le goulot de la bière encore en main. Il s'assied sur le tabouret le plus proche et lui demande droit dans les yeux :
-"Dis moi gamin, tu as une copine toi?"
Ils s'observent mutuellement et il répond :
-"Oui."
-"C'est bien ça, c'est bien. Et comment elle s’appelle, t'veux bien m'le dire?"
Djeffh ne baisse pas le regard, et l'homme éméché non plus :
-"Shrila."
-"Haaa. La petite Indienne, pas vrai? Je l'ai vu au marché ce matin, c'est du bon matos que t'as la !", dit il en riant.
Mais Djeffh ne sourit pas. Bien au contraire. Il se rend compte qu'il vient de commettre une erreur. Cette homme connais le nom de Shrila désormais, et s'il venait à comprendre qui elle est, il pourrait la dénoncer au KBW. Djeffh tourne son regard vers l'étagère des alcools, et après quelques secondes d'observation, demande calmement au barman :
-"Pourrai je avoir un verre de Vodka, s'il vous plaît."
Celui ci acquiesce en souriant, et se tourne vers l'étagère :
-"Mince, je n'en ai plus ici. Ne bougez pas, je dois en avoir encore dans la réserve derrière." affirme t'il.
Djeffh le suis du regard, et une fois le barman hors de son champs de vision, il attrape rapidement la main de l'ivrogne avec le goulot, et lui enfonce de toute sa puissance la bouteille de verre tranchante dans la gorge. Celui ci n'a pas vu venir le coup et agonise, les yeux grand ouvert, alors que Djeffh ne lâche pas prise, voulant s'assurer que l'ivrogne ne sera plus un danger. Une fois l'homme bien mort, il arrache la bouteille, une grande quantité de sang s'échappe de la blessure, et se déverse sur le planchet, puis il pense à haute voie :
-"Le barman."
Djeffh se rend dans la réserve, arrive discrètement dans son dos, et lui brise la nuque d'un coup sec.
Quelques minutes après, il sort du lieu, calmement, faisant mine de n'être au courant de rien, et longe l'allée principal, qui mène au bourg où était Shrila, puis empreinte la ruelle pour rejoindre la maison.

Une fois rentré, il cherche son amie, et la trouve assise dans le lit, pensif. Il s'assied fasse à elle, et la regarde amoureusement. Shrila tient dans sa main gauche le collier de rubis. Djeffh pose sa main sur la sienne, et passe ses doigts dans ses cheveux.


-"Shrila... Tout se passera bien pour nous, tu as ma parole." assure t'il, avant de s'approcher et de l'embrasser tendrement.

 



03/04/2014
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[FINAL] Prologue 1 : Le cerveau limbique [8/8]

 

    Allongé dans son lit, seul, Djeffh ne cesse de réfléchir à son crime de la veille. Il se questionne, 

s'interroge, et ne sait pas s'il doit regretter son geste. Un meurtre est un acte grave, mais il l'a fait pour son amie. Aurait il dû trouver un autre moyen moins violent. Où n'est ce qu'un meurtre de plus sur la liste? Il ne sent plus de remords, et ceci le perturbe.
Aucune réponse ne lui vient à l'esprit.
Le bruit de quelques gouttes de pluie qui tombent à l'extérieur et frappent la vitre, résonnent dans la 
chambre. Il peine à sortir du lit. Djeffh rejoint la salle de bain, et s'observe dans le miroir au dessus du lavabo. Le jeune homme ne se sent pas bien : son corps lui semble très lourd, les résonnements 
s'intensifient et lui déchire les tympans. Il a la tête qui tourne, et sa vision commence à se troubler.
Djeffh sent que son corps va tomber, alors il se retient au lavabo, mais il s'affale lourdement au sol, et entraine le lavabo dans sa chute, sur le carrelage de la pièce. Soudain il entend la porte d'entrée s'ouvrir et une voix qui hurle de détresse :
-"Djeffh ?!"
Le jeune homme reconnait la voix de son amie, et se relève, péniblement. Shrila accourt vers lui, et le 
regarde droit dans les yeux, paniquée :
-"Suleyman est en ville !"
Djeffh sent qu'il va à nouveau chuter et s'assied sur le lit.
Il réfléchit de longs instants, étourdi, et pense "Comment est ce possible?!". 
Djeffh ne comprend pas. La jeune fille le saisit par le bras et lui demande :
-"Djeffh, est ce que tu pense qu'il est vraiment dangereux?"
Il lui lance un regard interrogatif, la dévisage, elle poursuit :
"Y'a t'il des choses sur lui que tu ne m'as pas dit?".
La jeune fille s'assied à côté de lui, et prend sa main dans les siennes. 
Djeffh est perturbé, et n'arrive vraisemblablement pas à comprendre la situation. Il tourne son visage vers Shrila, mais ses yeux observent le sol.
-"Euh... Suleyman..."
-"Dis moi, Djeffh. Parle moi. Qu'est ce que je dois savoir?"
-"Tu te rappelle quand... On est partis récupérer le sac d'armes? Suleyman est rentré seul dans le bâtiment, et on a entendu un coup de feu..."
-"Tu sais ce qui c'est passé?"
-"Heum... C'était l'immeuble où vivait son grand frère. Apparemment, ils ne s'entendaient plus très bien. Suleyman est entré récupérer ses armes, du moins c'est ce qu'il nous a dit, mais en fait, il voulait principalement récupérer de la... Drogue. Ses médicaments. Son neveu de dix ans lui a ouvert la porte de l'appartement et a refusé de le laisser entrer... Alors Suleyman l'a tué... Puis a récupéré la drogue. Il a aussi volé une seringue et de la 'morphine', avant de nous rejoindre en courant. Il m'a dit qu'il comptait s'en servir pour se suicider..."
 
La jeune fille le regarde très étonné, ébahie. C'est un nouveau coup dur, et une nouvelle révélation qui la surprend énormément. Djeffh lève la tête vers le plafond et poursuit :
-"Le matin où on est partis... Je croyais qu'il était mort. Suleyman m'a avoué qu'il comptait se donner la mort dans la nuit... C'est pour ça que j'ai préféré partir. Il était un danger pour nous, certes, mais je refusais que tu le vois mort..."
Shrila lâche la main du jeune homme, et reste muette, choquée. Puis elle répond d'une voix faible :
-"Pourtant... Le capitaine est toujours en vie. Tu crois qu'il... Nous veut du mal?"
-"Je... Je n'en sais rien. Mais dans le doute, je préfèrerai partir d'ici."
La jeune fille acquiesce.
-"J'ai deux amis qui peuvent nous héberger. Ils habitent dans une taverne, une centaine de 
mètres plus bas, et ont de la place au sous-sol. Ils dirigent un petit mouvement de 'résistants' contre le KBW. Mais ne t'en fais pas, on ne risque rien là bas."
Djeffh récupère le sac remplit de fruits, mais Shrila le retient par la main : 
-"Non. Inutile de s'encombrer. On... On aura besoin de rien."
Le jeune homme se questionne mais accepte. Shrila le conduit dans une petite ruelle, derrière les 
lotissements, et ils arrivent rapidement devant la taverne, où les deux hommes les attendent sur le seuil de la porte. 
Le premier est plutôt grand et mince. Il a petit bouc, et semble être 
quelqu'un de propre, soigné. Il tend sa main à Djeffh et lui dit, de sa voie rauque :
-"Salut ! Je s-suis Henryk. Entrez, je vous prie."
Le second homme, plus petit mais également très mince, tient un morceau de pain dans sa main 
gauche. Il a de vieux vêtements mais en parfait état. L'homme pose son pain sur la table à l'entrée et 
salue Djeffh amicalement :
-"Klemens. Heureux de vous connaître."
Ils entrent à l'intérieur, Henryk les conduit au sous sol.
-"Ne prenons pas de risques inutiles, ici vous êtes en total s-sécurité."
Djeffh observe le lieu. Un petit coin est séparé et caché par un mur qui ne monte pas jusqu'au 
plafond, où sont caché une baignoire, un évier et les toilettes. L'endroit est grand et vide, hormis les 
deux lits situés à environ deux mètres l'un de l'autre, et deux lampes murales, placées de manière à 
éclairer toute la pièce. 
Djeffh s'assied sur un lit. En posant ses coudes sur ses genoux, il remarque un petit coffre sous la 
seconde couche. Il s'approche et saisit celui ci. L'objet est assez poussiéreux, en bois ancien et 
vernis. Il l'ouvre, et trouve une centaine de plumes plus ou moins grandes et de différentes couleurs, entassées à l'intérieur. 
Shrila s'approche et referme le coffre. Elle lui dit gentiment :
-"C'est ma collection de plumes..."
La jeune fille prend l'objet dans ses mains, et le serre contre elle. Djeffh comprend que malgré leurs 
faible valeurs monétaires, ces plumes ont une grande valeur sentimentale pour elle.
 
La matinée passe, et Djeffh remarque que Shrila est extrêmement silencieuse. Il se demande ce qu'il se passe, et lui demande :
-"Shrila? Quelque chose ne va pas?"
Elle ne semble pas entendre, comme perdue dans ses pensées. Il s'approche :
-"Shrila?"
La jeune fille lève la tête, et le regarde, comme surprise de le voir :
-"Oh? Désolé, je... Je suis un peu chamboulé avec tout ces événements. Mais ça va.", assure t'elle en souriant, avant de replonger dans ses rêveries.
Le jeune homme décide de la laisser tranquille, et sais qu'elle a besoin de temps. Il monte à l'étage, rejoindre Henryk et Klemens.
La taverne est fermée, aucun client n'est entré, et les deux hommes ont une discussion plutôt animée. Djeffh s'approche et s'assied sur le tabouret à côté de Henryk. Celui ci demande :
-"Comment te sens tu? Tu arrive à supporter t-tout ça?"
Djeffh lui répond, en prenant un verre propre :
-"Tout ça?"
-"Oui. Les événements. C'est difficile à v-vivre. Enfin j'imagine."
-"Hum... C'est surtout bizarre."
-"Comment ç-ça?"
-"Shrila..."
-"Un problème avec S-Shrila?"
-"Elle ne me parle plus..."
Djeffh baisse son regard :
Klemens l'admire, stupéfait, et répond :
-"Ce n'est que passager, ça lui passera !"
Il ne semble pas convaincu, et relève la tête. 
L'endroit devient calme pendant quelques minutes, puis Henryk engage la conversation :
-"Dis moi, euh... Djeffh, c'est ç-ça? Shrila t'a expliqué qu'on a des 'problèmes' avec le KBW?"
Il hoche la tête.
"Bien. J'ai réfléchis un peu. On a quelques volontaires en f-forme, en est tu Djeffh? J'ai appris que le Korpus reçoit des armes en grande quantité par les trains de marchandises. Qu'est ce que vous diriez d'aller leur emprunter quelques fusils?"
Klemens le regarde avec de grands yeux et demande brusquement :
-"Qu'est ce que tu racontes?! Tu veux attaquer un train? Pour récupérer des armes? On pourrait tout aussi bien en voler aux gardes, surtout en pleine nuit quand ils ne sont plus très frais !"
-"Attend attend ! J-je ne parle pas de voler deux ou trois fusils. Je p-parle de toute une cargaison ! Et c'est le moyen parfait pour montrer à ces trou du cul qu'on est p-pas des rigolos !"
-"C'est trop risqué."
Henryk déroule une petite carte sur le bar, et affirme :
-"Ecoute mon plan, j'ai tout prévu ! Voici l'itinéraire exact du train. J'ai cherché, et t-trouvé un endroit, sans aucune surveillance. Une toute petite zone, 5 kilomètres. On entre, on ressort, on les débarrasses de 200 armes pleines à craquer de m-munitions. Imagine ! Ce sera bien plus facile de recruter des gars avec autant de matériels !"
-"Je... Je sais pas. Hé, Djeffh, tu en pense quoi?"
Il pose son verre sur la table et répond, tout en remplissant de nouveau son récipient :
-"Pourquoi ferais je ça?"
Henryk approche son visage du sien :
-"T-tu veux protéger Shrila, bon? Voilà ce que je te propose. Tu m'aide pour ce coup, et je vous envoie, toi et elle en pays libre : la France. Fini la dictature et les gardes à tout les coins de rue ! C'est exactement ce que tu veux, je le sais."
-"Comment pourrai je être sûr de ça?"
-"Parle en à Shrila. O-on se connait depuis longtemps, elle te dira que je s-suis quelqu'un de confiance."
Djeffh réfléchit et prend rapidement sa décision :
-"Ca va. Je marche. Mais au moindre coup fourré..."
Il lève son regard noir vers Henryk, qui comprend parfaitement ses menaces.
L'homme barbu acquiesce, puis se retourne vers son ami, Klemens :
-"E-et toi? Tu décides quoi?"
-"Euh... C'est trop risqué pour moi... Je peux aider à superviser le coup, mais je ne vais pas sur le terrain. Désolé."
Henryk montre son large sourire puis prend une bouteille de vodka en main :
-"Bien ! On organise le coup dès ce soir. C'est un formidable projet. En attendant, b-buvons !"
 
L'après midi passe. Djeffh s'inquiète pour Shrila, qui est restée sans bouger dans son lit, dans ses pensées, sans dire un mot. Il décide d'aller lui parler, simplement. Et de lui raconter la possibilité que lui offre Henryk.
Le jeune homme la rejoins, se met à genoux, devant elle, et lui demande :
-"Shrila... Comment tu te sens?"
Pas de réponse.
"Tu sais, pour les plumes... J'en ai trouvé caché dans le matelas, chez toi... Je me disais que tu les cherchais peut être et... Hum. Henryk... Henryk m'a parlé d'un projet. Si je l'aide, il peut nous envoyer en France. Tu entend? On sera libre. Plus de problème pour nous, la liberté. J'ai envie d'aller là bas, avec toi Shrila."
Il pose sa main sur le genoux de la jeune fille, et remarque qu'elle a les larmes aux yeux.
"Ne pleure pas... Parle moi, je t'en supplie. J'ai besoin de toi ! Tu es la seule bonne chose qui soit arrivé dans ma vie. Tu m'as redonné confiance, tu m'as redonné envie de vivre. Sans toi... Je ne suis qu'un animal sauvage perdu."
Djeffh observe la tristesse de la jeune fille, mais ne comprend pas. Il pensait qu'elle serait heureuse de l'offre de Henryk, mais au lieu de ça, quelque chose semble la ronger de l'intérieur, et il ne sait pas comment l'aider. 
Il s'assied sur le lit, et la prend dans ses bras.
 
La nuit tombe. Djeffh rejoins les deux hommes à l'étage, pour organiser le braquage du train. Henryk l'accueille avec un grand sourire. Il l'invite à rejoindre la table et à prendre un verre. 
Henryk s'assied et déplie une grande feuille, qui a jauni, sans doute à cause de la fumée de cigarette.
-"B-bon. Voilà tout ce dont nous avons besoin. Je vous explique. D-demain, à l'aube, avant le lever du couvre feu, nous irons récupérer tout le matériel utile à la réussite du projet. Voici vos rôles : Klemens, tu vas à la gendarmerie. T-tu alertera le Korpus que la bijouterie des frères Lewandowski se fait braquer. Tu devras être bon comédien, c-car sortir pendant le couvre feu est grave, en revanche, si tu arrives à les convaincre, ils te seront reconnaissants de les avoir p-prévenu ! C'est la plus grande bijouterie de la ville ! L-les gardes ne devraient pas hésiter longtemps. Une fois que tu les aura bernés et qu'ils seront partis sur place, t-tu devras prendre la fuite. Je t'expliquerai ça plus en détails après. Pendant que la diversion est en place, Djeffh tu ira rejoindre un ami marchand à la sortie de la ville. Il p-porte un faux nom, juste par sécurité : Eryk Melcer. Il te donnera plusieurs caisses, dont une qui c-contient la Thermite. Un produit fantastique ! C'est un alliage d'aluminium m-métallique et d'oxyde de fer. Sa réaction chimique génère une chaleur si intense, q-quelle fera fondre la porte en acier du train en dix secondes ! Il te fournira également une caisse avec six Makarov. Si tout se passe b-bien, on ne devrait pas les utiliser, mais je préfère ne pas prendre de risque. Je te fournit une voiture. C'est une 125P noir avec le c-cigle du KBW gravé dessus ! Autrement dit, une voiture de service du K-Korpus. Ne me demande pas comment je l'ai eu ! Si tu croises des gardes, ils ne te remarqueront sans doute même pas ! Tu vois, tout est sécurisé. Shrila et toi partirez bientôt pour la France.", affirme t'il, sûr de lui.
Djeffh sourit, mais après quelques secondes, se questionne et lui demande :
-"Et toi? Que fais tu dans tous ça?"
Henryk sourit et répond en essayant de garder son sérieux :
-"C'est génial. Mon plan, je le t-trouve parfait. Djeffh tu rejoindra le 'lieu de sécurité'. On ira tous les deux là bas. C'est au sud d-de la ville, un grand entrepôt, des caisses partout, des grues, du matériel de transport, et surtout, des centaines de t-travailleurs ! Ce qui veut dire qu'on sera complètement dissimulés dans la foule. Si jamais l'un de nous se fait r-repérer, cet endroit sera parfait pour semer les gardes. Voici le plan que j'ai dessiné de l'entrepôt."
Henryk déplie une nouvelle grande feuille jaunâtre, puis pose un grand sac plastique avec des vêtements sur la table.
"C'est ici qu'il y'a le plus de t-travailleurs. Et comme je suis un parfait génie, j'ai même réussi à nous dégoter les t-tenues des employés de l'entrepôt. Vous les porterez avant de partir. V-vraiment, je ne vois pas comment le plan pourrait échouer ! Bon? Ensuite, Djeffh je t'attendrais ici, tu vois? C'est un petit hangar. Il m'appartient. On d-déposera tout le matériel la bas. Pendant ce temps, Klemens rejoindra la taverne, q-quand tu sera de retour, moi je rejoindrais Djeffh au hangar. C'est ici que tu termine t-ta mission, Klemens. La seul chose que tu aura à faire, c'est tenir la b-boutique, comme tout les jours. Personne ne se doutera de rien. Une fois arrivé, c-change toi. Quand les gardes comprendront que le braquage de la bijouterie était bidon, ils chercheront à te retrouver. C'est p-pourquoi tu dois impérativement porter la tenue de l'entrepôt quand tu ira à la gendarmerie. 
Ils penseront que tu travaille là bas, et iront tout à fait l-logiquement, t'y chercher. 
Normalement, Djeffh et moi ne devrions plus être sur place quand ils viendront, mais dans tout les c-cas, ils ne s'occuperont pas de nous, car, dans mon hangar, on se changera avec des vêtements qui passeront inaperçu. On s'échappera avec la 125P, et le plan sera un succès !"
Henryk semble satisfait de sa prestation, mais Djeffh doute et le questionne :
-"Et ensuite? Pour le train?"
-"Quand on sera t-tous rentré à la taverne, je vous expliquerai la suite du plan. Nous devrions allez dormir, d-demain on se lève de bonheur."
 
Les trois hommes retournent à leurs chambres respectives, pour dormir.
Djeffh s'allonge dans son lit, se recroqueville sur lui même. Il réfléchit à ce plan, et doute de sa réussite. Même si Henryk à visiblement tout prévu, il est stressé. 
 
Très tôt, le matin :
-"Djeffh, réveille t-toi.", chuchote Henryk, en secouant l'épaule du jeune homme.
Il se lève, passe rapidement ses mains sur ses yeux, qui s'habituent doucement à la lumière émise par les lampes murales, et affirme :
-"Je suis prêt."
-"Bon. T-tient, enfile le costume de l'entrepôt. La voiture est prête, elle t'attend dehors."
Djeffh le remercie d'un signe de la tête, et s'apprête à monter à l'étage, Henryk lui dit :
-"Attend. Prend ceci. C'est la carte qui t'amènera jusqu'au marchand. J'ai c-coloré la route à suivre en rouge pour aller au sud de la ville, tu vois? Souviens-toi, son nom est Eryk Melcer. Et là, en bleu, c'est pour rejoindre l'entrepôt."
Il acquiesce, et enfile rapidement la tenue. Djeffh observe Shrila, encore endormie. Tout ce qu'il va faire aujourd'hui, il le fait pour elle. Le jeune homme reste figé, droit debout, et doute. 
Il sort, et trouve le véhicule avec le logo du KBW. 
Djeffh démarre. 
L'hésitation l'envahi peu à peu, mais il essai de se concentrer. La réussite de cette mission est la clef de sortie pour la liberté.
 
Djeffh suit l'itinéraire à la lettre.
La route jusqu'au sud de la ville lui parait longue. Il aperçoit quelques gardes, visiblement ivres, qui discutent sur un banc. Ils ne le remarquent pas. 
 
Le trajet se termine, il se gare sur un petit parking à cinq places, toutes libres. L'endroit est très calme. Le léger souffle du vent s'entend de l'intérieur de la voiture.
Il remarque une caravane un peu plus loin, et juste à côté, une voiture blanche sale, les pneus boueux, d'une marque que Djeffh ne reconnait pas. 
Il attend. Après quelques minutes, les phares du véhicule blanc s'allument. Puis s'éteignent, et se rallument à nouveau. Djeffh comprend que le conducteur lui fait des appels, et descend de sa 125P. Il s'approche de la voiture blanche, et le marchand en fait de même.
-"Euh... Vous êtes Eryk Melcer?", demande Djeffh, ébloui par les phares encore allumé. L'homme lui fait signe de le suivre.
Ils se retrouvent derrière le véhicule. 
-"Tu es à l'heure.", répond d'un ton étrange l'homme en ouvrant le coffre."
"Deux caisses. Tout y est, tu ne les ouvres pas, inutile de vérifier. Tu prend, tu te casses, et tu oublies mon visage. Compris?"
Djeffh acquiesce en fronçant les sourcils. De nombreuses questions trottent dans sa tête, mais il préfère obéir et suivre le plan. Le jeune homme empile les deux caisses, et les porte jusqu'a son véhicule. Celles-ci lui semblent étonnement légères. Une fois les caisses chargées à l'arrière, il se tourne, et remarque que le marchand est déjà parti, sans bruit.
-"Je le sens pas ce coup...", pense-t-il à haute voix, en remontant dans son véhicule.
Maintenant, direction le hangar de l'entrepôt. Il se dirige vers le centre de la ville, le couvre feu doit être levé maintenant. Djeffh empreinte la route principal, puis prend une avenue. En arrivant sur la place du marché, il aperçoit la foule qui semble agité. Des femmes, des hommes et des enfants courent, tous dans la même direction et des cris de panique se font entendre. 
-"Bon sang, qu'est ce qu'ils ont, tous?!"
Djeffh descend de son véhicule, et part sur la place en courant, une femme âgée le bouscule et tombe à terre. Il s'approche et  l'aide à se relever, puis demande :
-"Madame, que se passe t'il?"
Elle semble effrayée :
-"Le KBW ! Ils font une descente à la Taverne. Ils ont tués Henryk !!"
Djeffh n'en revient pas. Il blanchit à vu d'œil, et reste figé sur pace. La femme poursuit sa fuite en courant et Djeffh retourne à son véhicule, en marchant, les bras tombant, comme foudroyé par ce qu'il vient d'entendre. 
-"Comment... Est... Ce... Possible?!"
Il monte en voiture, se tourne et attrape les caisses, qu'il ouvre d'un geste brusque. Elles sont vides :
-"Le fils de pute !!", hurle t'il en frappant son volant de toutes ses forces.
"Traitre ! Tu nous as balancé? Klemens, salopard,  tu es un homme mort !"
La colère lui monte à la tête, ainsi que la folie. Tout ceci l'empêche de réfléchir. Doit il se rendre à la taverne, où est sans doute encore Shrila, ou se débarrasser de Klemens? Dans le second cas, où pourrait il être en ce moment? Se rendre à la taverne serait prendre un risque énorme, et protéger Shrila reste sa priorité. Djeffh doit prendre sa décision rapidement.
-"Réfléchit, réfléchit !"
Le jeune homme sait qu'il sera repéré s'il se rend sur place, surtout avec sa tenue de l'entrepôt. -"Henryk à dit qu'il cache des tenues dans son hangar. C'est risqué, mais c'est le seul moyen... Tien bon, Shrila ! J'arrive !!", dit il avant de foncer en direction de l'entrepôt, sans attacher sa ceinture.
Djeffh saisit la carte fournit par Henryk qui indique le chemin à suivre pour trouver le hangar. Il l'ouvre et cherche le lieu, en même temps qu'il conduit, paniqué et à plus de 120 km/h en pleine ville, évitant de peu les nombreuses voitures en circulation. 
-"Là !"
Il fonce, puis après quelques minutes intenses arrive dans l'entrepôt et trouve rapidement le hangar, facilement reconnaissable, construit de plaques métalliques épaisses rouillés et rouge. Il se gare juste devant la porte d'entrée, sort en courant du véhicule, force la porte en la frappant brutalement et entre dans le bâtiment, 
sombre, où il ne voit rien. Il marche deux ou trois mètres, sans visibilité. Soudain les néons au plafond s'allument, l'un après l'autre en émettant un petit bruit singulier à ces objets. Djeffh est ébloui et entend le bruit d'une arme qu'on charge, puis une voix d'homme qui lui cri  :
-"A terre, les mains sur la tête !"
Il ouvre les yeux, et découvre des vingtaines d'hommes armés, des gardes du KBW qui l'encerclent, l'un d'entre eux est même monter sur l'échafaudage qui relie deux passerelles, elles aussi encombrés d'homme armés, qui s'opposent , avec un fusil à lunette, en position de tir.
Djeffh les observe, complètement perdu, ne comprend pas. 
-"A terre, immédiatement !", répète l'un des gardes du Korpus.
Cette situation est incompréhensible. 
Dans l'un des coin du hangar, il remarque un escalier, d'où descendent trois personnes. 
-"Klemens?! ... Shrila? Henryk...", reconnait il, intrigué et sous le choc.
Ses trois amis passent le cercle que forme les gardes, et Henryk continue seul jusqu'à lui.
-"Echec et mat. Djeffh Anderson, vous êtes en état d'arrestation."
Le jeune homme tombe genoux à terre, les yeux grand ouvert, littéralement paralysé et dépassé par l'événement.
Shrila est immobile, tête baissé.
En regardant son amie, qui est à environ cinq mètres de lui, il remarque ses larmes, qu'elle semble essayer de retenir.
-"Shrila? Que se passe t'il? Je ne comprend plus..."
-"Djeffh... Je suis désolée. Je n'ai pas voulu..."
Il est perdu. En sueur, au milieu de la foule. Son cœur bat plus vite que jamais. Elle poursuit :
"Djeffh... Tu es un criminel. J'ai voulu éviter ça... Mais ma conscience m'empêche de laisser un meurtrier en liberté. J'ai appris pour les deux hommes au bar... J'ai su que c'était toi dès l'instant où j'ai entendu la nouvelle."
Le jeune homme, s'allonge, raide, au sol, les yeux rouges. Il comprend tout désormais. La présence improbable de Suleyman en ville, le plan complètement loufoque pour braquer le train, la voiture du KBW fournit par Henryk et Shrila qui ne lui parlait plus, tout était prévu. Calculé.
-"Tu... M'a manipuler... Shrila?", questionne t'il d'une voix faible droit dans les yeux, encore allongé sur le goudron du hangar.
Elle baisse les yeux, ne pouvant pas affronter de face ce que peut ressentir Djeffh.
Le jeune homme est perturbé, ses émotions reprennent le dessus, il n'a plus aucun contrôle. 
Colère, tristesse, haine, amour, peur, déception. 
-"Exactement, comme Suleyman l'avait prédit... Tu m'as manipulé... Salope !!", hurle t'il, fou de rage, en se relevant, et fonçant d'un pas lourd vers la jeune fille, comme un bélier qui charge, l'attrapant par le col de sa chemise et la décollant du sol de toute sa puissance animal.
Djeffh n'a jamais eu un tel regard. 
Indescriptible. 
Et en larmes. Sa rage prend le dessus, il plaque violemment la tête de la jeune fille et l'assomme à de nombreuses reprise d'une rage incontrôlable, d'une brutalité hors normes, le bruit des os qui se brisent résonnent dans le hangar. L'un des garde pointe son arme :
-"Lâche la !!!", hurle t-il.
Mais c'est déjà trop tard. 
Shrila est complètement ensanglantée, détruite.
Elle utilise le peu de force qu'il lui reste pour serrer ses mains, comme pour faire une prière, et regarde Djeffh, dans les yeux. Son regard se vide de toute son âme petit à petit, elle meurt, vidée de son sang. 
Le garde panique et tire deux balles, dont une qui touche l'épaule de Djeffh. Il lâche Shrila, et ils s'écroulent tous deux à terre. Une flaque de sang s'étale sur le sol. 
Djeffh reprend son souffle. Il réalise. C'est un monstre. Une immense tristesse l'envahi. Il vient de tuer son amie. Brutalement. Celle qu'il avait juré de protéger, la seule personne qui comptait pour lui. Ses émotions, ses impulsions impossibles à maîtriser, viennent d'anéantir le seul espoir de joie, de bonheur et d'amour qu'il avait.  
-"Non...", dit il d'une voix faible, les yeux en larmes dirigés vers son amie. Il pleure, et rampe jusqu'a son cadavre, la prend dans ses bras :
"Shrila? Non. Ne... meurt pas... Je ne peux pas vivre sans toi, par pitié reste avec moi..."
Les larmes coulent à flot, il sert très fort le corps de son amie défunt :
"Pourquoi me faire subir ça? Dieu, pourquoi?! Je ne vous ai rien fais !", il se relève, posant délicatement le corps inerte, et hurle de toute sa voix :
"Qu'est ce que tu as contre moi, hein? Vien te battre si t'as des couilles, je t'attend !! Ramène toi fils de pute, on va régler nos comptes ! Tu as détruit tout ce que j'avais !! Vien te battre, c'est un putain d'ordre !!!"
Les gardes se regardent les uns les autres, ne comprenant pas. Djeffh perd la tête, et n'a plus aucune lucidité, même sa propre vie n'a plus aucun intérêt à ses yeux. Il frappe violemment le mur métallique à de nombreuses reprise de toute ses forces, jusqu'à ce que ses phalanges soient en sang. L'un d'eux hurle :
-"Ca suffit !", avant de tirer une nouvelle fois sur le jeune homme, touché de plein fouet dans le bas du dos. Il chute à nouveau lourdement. Dans un dernier souffle, il remarque le bijou, toujours dans la poche de la jeune fille. Il saisit difficilement le collier de rubis, qu'il sert très fort dans sa main. Henryk s'approche, et lui met les menottes. Djeffh lui lance un regard, vide, ne montrant plus le moindre signe de résistance. 
Il ne ressent plus rien. 
Le néant. 
Plus de colère, plus de tristesse, plus de haine, plus d'amour, plus de déception.
Plus de peur. 
Djeffh s'évanouit, dans l'immense flaque de sang noir, souhaitant mourir ici.

 



08/05/2014
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