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Brain Slave

Trame Principale


Trame Principale : Prisonniers Systématiques. [1/?]

 

 

     -"Et la suite je la connais..." soupira Natasha en se levant

Alexey baissa le regard et les larmes semblèrent lui monter aux yeux. Après quelques minutes, les deux jeunes sortirent de l'appartement. Cyryl et Iwan les attendaient devant le véhicule noir de la famille Miemsky, tous deux habillés de noir et l'air triste. Ils baissèrent les yeux lorsque Alexey monta en voiture, sans un mot. La voiture démarra, dans le silence le plus total, Cyryl au volant. Ils empruntèrent une petite route, jusqu'à un carrefour, les menant au cimetière de la ville.

Le petit groupe descendit de voiture, et entra dans le cimetière avec une triste mine. Ils s'arrêtèrent devant une tombe, Alexey s'agenouilla lourdement, les yeux rouges. Natasha posa sa main sur son épaule, de la même manière qu'il l'avait fait quelques semaines plus tôt, lors de leur rencontre. Iwan et Cyryl, quant à eux, restèrent debout derrière eux.

Maciej Towarzyski, 1962-1981

 

 

 

     -"Djeffh Anderson, jugé pour le meurtre de Shrila Patel, et probable assassin de six autres personnes à Lodz, Pabianice et ses environs. Des hommes sous les ordres de l'agent d'élite Henryk Pryziak travaillent actuellement à la recherche de preuves pouvant s'ajouter à celles déjà acquise. C'est la meilleure équipe du KBW qui existe dans tout le pays, croyez moi, ils ne vous lâcheront pas, si des preuves existent, ils les trouveront. Je vois que votre dossier est étrangement vide. Comme si quelqu'un avait essayé de vous faire disparaître. J'ai eu énormément de mal à trouver des informations sur vous M. Anderson. Né en France, parait-il, vous étiez étudiant ? Anderson, ça sonne plutôt... Américain, non ? Pourquoi un petit étudiant français voudrait-il entrer en Pologne ? Voici un facteur d'accusation supplémentaire ! "

La juge tourne son regard en direction d'Henryk :

"Monsieur Prizyak, veuillez trouver les éléments d'inculpation nécessaire qui autorisation la peine de mort pour ce condamné étranger."

Un homme habillé d'un costume se lève dans la salle :

-"Madame la juge, vous ne pouvez pas ! La peine de mort a été abolie dans notre pays ! Ce n'est pas légal !"

-"Silence !", répond t'elle, agressivement.

"En tant que représentant de l'Etat, je décide des sentences comme je le souhaite."

 

Il est très tôt, le matin.
Un crissement aigu résonne en boucle dans la tête de Djeffh, perdu. Il ne comprend pas, lui qui n'a toujours pas retrouvé la mémoire. Le jeune homme est habillé en noir, menotté. Une légère barbe naissante et le crâne rasé récemment. Le juge frappe de trois coups de marteau, signe de la fin de l'audience.

 

La juge reprend son calme, et poursuit, en observant le jeune homme :

"Vous savez, j'ai appris récemment que votre chère pays réfléchie à l'abolition de la peine de mort. La situation est assez cocasse, permettez moi d'en rire. Voici une enquête fort passionnante ! M. Anderson, vous rejoindrez immédiatement la seconde prisons de Radogoszcz, à Lodz, où vous serez enfermé dans une cellule protégée pour criminel violent, et sous haute surveillance ! Les prisons en Pologne sont quelques peu différentes de celles en France, alors ne vous attendez pas à y trouver un endroit confortable. Nous nous reverrons dans une semaine, pour discuter de votre sort, d'ici la, comportez-vous bien, ou vous pourriez voir votre temps de vie légèrement raccourcie. Fin de l'audience, rendez-vous le 6 mai, à 16 heure ! Messieurs, conduisez le prisonnier à Radogoszcz Wtórny*." (*La prison Radogoszcz était une prison nazie pendant l'occupation. Après la 'guerre', les prisonniers ont tous été exécuté et le bâtiment est aujourd'hui un lieu touristique. 'Radogoszcz Wtórny' ou 'la seconde Radogoszcz' est une prison fictive, inventée pour l'histoire.)


Deux hommes s'approchent de Djeffh, l'un le relève de force et le second lui fait signe d'avancer jusqu'à la sortie. Une grande salle, avec des bancs sur le côté, la porte principale est à l'opposée du siège du juge. Les hommes sortent de l'endroit, un grand bâtiment ancien construit sur plusieurs étages. Les gardes du korpus l'entourent, et le conduisent jusqu'à une grande camionnette appartenant au KBW, où ils montent tous les trois.

 

 

 

 

     Alexey se leva péniblement. Natasha le prit par le bras, tout en restant devant  la tombe fleurie. Après quelques minutes de recueillement, Alexey leva la tête, en observant un arbre,  au loin, derrière les grilles du cimetière. Iwan passa à ses côtés, et lui prit l'épaule délicatement pour l'inviter à partir. Cyryl se dirigea vers la voiture en premier. Le silence était pesant, et aucun de trois amis d'Alexey n'osaient lancer un sujet de conversation. Une fois à la voiture, Cyryl, toujours au volant, finit par dire :

-"Je t'emmène chez Mikolaj... Il voulait te parler, je crois."

Alexey répondit par un hochement de tête, avant que celle de Natasha ne vienne se reposer sur son épaule. Une fois à destination, Cyryl laissa descendre le jeune couple avant de repartir avec Iwan.

Natasha attendit dans la salle à manger, en papotant avec quelques mafieux.

La porte du bureau était ouverte, mais Alexey resta devant la porte en attendant que Mikolaj ne le remarque.

-"Entre... Entre. Assieds-toi." invita Mikolaj, gêné. Alexey s'assit devant lui, en essayant de camoufler sa tristesse. Il fixait le sol, entre ses deux chaussures.

"Tu sais... Se sont des choses qui arrive dans ce genre de boulot. Il faut que... Tu t'y fasse. Je comprend que sa doit pas être facile, mais... C'est le destin !"

Alexey leva les yeux, rouges, et fusilla Mikolaj du regard.

-"Le destin ?! Le DESTIN ?! C'était MON ami ! C'est toi qui l'a vu se faire tuer ?! C'est toi qui l'a vu se vider de son sang, sans pouvoir rien faire ?! NON ! Et tu t'en foutrais sûrement ! Tu ne le connaissais pas ! Personne ne pouvait le connaître ! Je le connais depuis que je suis gosse putain ! Et je l'ai vu CREVER ! CE FILS DE PUTE L'A TUÉ ! T'ENTENDS SA ?!" Alexey s'est levé brutalement de sa chaise, la faisant tomber en arrière. Mikolaj le regarde avec de gros yeux ronds, ne sachant pas quoi répondre.

"IL EST MORT ! Une balle, c'est pas le destin !"

Mikolaj resta figé devant la réaction de son nouveau membre. Alexey tourna alors les talons, et claqua la porte en sortant nerveusement. Dans les escaliers, il croisa Bogumil.

-"Tiens ! Alexey. Je voulais justement te voir..."

-"C'est pas le moment." répondit Alexey sèchement en continuant sa route

-"Attends !" insista-t-il

Alexey finit par s'arrêter et se retourner vers lui en soupirant. Ce dernier poursuivit

"Je suis désolé pour Maciej. Je l'ai pas beaucoup vu, mais ça semblait être un bon gars. Tu sors du bureau de Mikolaj ?"

-"Ouais..."

-"Ah, d'accord. Il faut pas lui en vouloir, tu sais... Il est très préoccupé en ce moment. Il pouvait pas prévoir ce qu'il s'est passé, et crois-moi, je le connais depuis bien longtemps, ça l'affecte."

Alexey hocha la tête et se dirigea vers la cuisine, pour retrouver Natasha.

-"Il y a quelqu'un qui te cherchait... Tu l'as vu ?"

-"Ouais, Bogumil..."

-"Qui c'est ce Bo... Bogumil ?" demanda-t-elle, toujours handicapée par son accent

-"C'est le Doradca* de la famille" répondit Alexey d'un air détaché

-"Le... Dora... Dor... Suka* !" s'énerva Natasha

"On rentre ? Gwidon m'a dit qu'il peut nous ramener." reprit-t-elle en constatant qu'Alexey restait perplexe.

Alexey plongea alors son regard noir dans celui de Natasha. Elle fut complètement déstabilisée, bien qu'elle savait que ce regard ne lui était pas directement adressé. Elle baissa les yeux. Alexey sortit alors brutalement de ses pensées, comprit que son regard avait touché Natasha, et releva doucement la tête de sa petite amie en la prenant par le menton. Il replongea son regard dans le sien, cette fois-ci plus tendrement, tout en s'efforçant de sourire. Natasha souri à son tour, avant de l'embrasser amoureusement. Malgré la difficulté de cette épreuve, Alexey sait qu'il pourra toujours compter sur Natasha pour le soutenir.

 

*Doradca : Consigliere, en polonais (voir l'article "La Mafia" dans "Contextes et précisions")

*Suka : Juron russe, exprimant l'agacement (au même titre que "putain" ou "merde"), utilisé également en polonais.

 

 


     Dans le véhicule, le jeune homme est extrêmement silencieux, son esprit est ailleurs. Il sait qu'il subira la peine de mort.

Rien n’empêchera cet événement inévitable. Et cela lui convient.

Djeffh souffre. Et la mort lui semble être sa seule issue de secours.


-"Reste calme, et tout se passera bien. Tu vois ça ? Ne m'oblige pas à te frapper avec, ça fait encore plus mal que tu ne pourrais le croire.", affirme l'un des garde, en brandissant une matraque en métal.

Le second homme du Korpus, installé à la place conducteur, se tourne vers son collègue et lui affirme, en lui donnant une seringue :
-"Ne prenons pas de risques, il pourrait être violent."

Le soldat acquiesce, et saisit la seringue. Il l'a secoue quelques secondes avant de l'approcher du bras de Djeffh, délicatement et visiblement peu rassuré. Pourtant, le jeune homme ne réagit pas, et le garde en profite pour lui injecter le produit.
Djeffh se sent lourd, comme soudainement épuisé, et comprend que ceci résulte du produit qui vient de lui être administré.
Le véhicule démarre. Une forte pluie commence à tomber à l’extérieur. Le ciel est noir, recouvert de nuages sombres. La route semble longue à Djeffh et il finit par céder à l'effet du produit.

A son réveil, la camionnette s'arrête devant un immense mur en béton, renforcé de barbelés sur ses sommets.
Le soleil est presque à son zenith, et des nuages le masque encore de temps à autres.
Ils s'approchent d'un grand portail d'environ cinq mètres de haut, également renforcé, que des gardes ouvrent, avant de vérifier le véhicule et de le faire entrer. Djeffh lève les yeux et remarque un grand espace avec deux grand bâtiments en longueur séparés par des grilles et opposés parallèlement. Les deux soldats sortent le jeune homme de la camionnette, le conducteur descend du véhicule et fouille Djeffh. Il saisit les objets dans sa poche et les lance dans un carton que porte le second.
Une fois ceci terminé, ils le font avancer jusqu'à un second portail amenant au bâtiment de droite que quatre autres gardes ouvrent, avant de prendre le relais, en demandant à Djeffh d'avancer. Les hommes l'accompagnent jusqu'à une sorte de couloirs sombres, où de nombreux prisonniers sont installés, comme si l'endroit leur appartenait, protégé par des barreaux solide et un portillon, que l'un des garde ouvre avec une grosse clef jaune pâle. Le garde le plus costaud pousse Djeffh dans le couloir noir et lui dit d'un ton étrange, presque paniqué :
-"Nous te laissons ici. Avance jusqu'à la porte au fond, un gardien t'ouvrira. Ne parle pas aux détenus, on appelle cet endroit 'le couloir du vice'... Si tu tient à ton cul, baisse les yeux et avance jusqu'au bout sans broncher.", Djeffh lui lance un regard interrogatif, puis baisse les yeux et avance, sans bruit. Des dizaines d'internés jonchent le passage, et sont logés dans des cellules ouvertes. Des hommes efféminés et des transsexuels habillés comme des femmes sont affalés sur terre, semblant épuisés, et d'autres, visiblement les chefs, tous habillés de rouge et possiblement d'origine russe dirige leurs « esclaves ». L'un d'eux, grand, barbu, dit à un des ses collègue, à voix haute, pour que Djeffh l'entende :
-"Regarde celui là, c'est pas un polonais. Les frères payeraient chère pour son cul. héhéhé."
Ils rient ensemble.
Djeffh les ignore et poursuit son chemin. Arrivé au bout, il se présente devant la grille, et aperçoit, sur sa droite, un jeune garçon allongé au sol, apeuré et blessé qui lui chuchote, d'une voix fragile :
-"Aide moi... S'il te plaît... Aide moi..."
Un homme en rouge, baraqué s'avance de son pas lourd vers lui et le frappe d'un puissant coup de pied dans la mâchoire :
-"Ferme là, malen'kaya shlyukha* !" (*petite pute, en russe)
Le garde arrive derrière la grille, qu'il ouvre, avant de tirer Djeffh par le bras et de refermer rapidement l'entrée, sous les regards vicieux et malsains des Russes.

Il conduit Djeffh sur une sorte d'estrade, puis montent un escalier qui débouche sur un nouveau couloir plus large, où les cellules sont placées face à face et où circulent de nombreux veilleurs.

Une affiche indique "niebezpiecznych więźniów* !" (*prisonniers dangereux, en polonais)
Les deux hommes s'avancent jusqu'au bout de la place, où le garde demande à un second, tenant un grand trousseau de clefs, quelques mètres plus loin :
-"Hé ! Ouverture cellule 46."
Le second garde, jeune, environ vingt ans, accourt, trouve la bonne clef, puis s'exécute. Djeffh entre dans la geôle, puis remarque qu'un prisonnier y est déjà installé, et mange ce qui ressemble à une pomme.

Les deux gardes referment la cage, sous un grincement strident, et retourne à leur position respective.


Djeffh reste immobile, debout quelques secondes, avant de s’asseoir sur le lit.
La cellule est petite, environs sept ou huit mètres carré. Deux lit avec des matelas très peu épais se font face, plaqués contre le mur le plus long, et sur le côté droit, un lavabo et les toilettes, cachés derrière un renfoncement dans le mur. Sur la dernière façade, celle faisant face aux barreau de la grille, est placé un banc en bois.
Le prisonnier termine rapidement son fruit avant de s'approcher d'un pas énergique de Djeffh et de lui tendre la main. Pas de réaction. Après plusieurs secondes, il lève les yeux pour observer l'homme. Comme lui, il est jeune, et a peut être le même âge. Il est habillé d'un short noir et d'un tee-shirt rouge délavé ordinaire. Petit, avec une silhouette de sportif, mais amaigri et visiblement très épuisé, sans doute par le rythme de vie des prisonniers. Il a le teint mate, et est bien rasé, aussi bien au niveau du crâne qu'au niveau de visage. Il s'installe à côté de Djeffh.
-"Salut, euh je suis Denis ! Denis Tadeusz ! Mais on m'appelle D-tatt ici. Euh."
Djeffh, reste muet, ne montre toujours aucune réaction.
"Euh. Mec j’espère que t'es pas un de ces tarés qui parle pas et qui te viole sous la douche ! Je suis pas trop fan de ça tu vois le truc, euh."
Le silence s'installe dans la petite pièce. Denis se relève du lit et commence à enchaîner énergiquement quelques pompes sur le sol, avant de courir sur place.
-"Ici y'a rien à faire le matin ! C'est bientôt l'heure de la sortie ! Euh. Remarque, dans la cours y'a pas grand chose à faire non plus, mais au moins on prend l'air, tu vois. Chaque jour que je passe ici, c'est une épreuve que dieu me lance. Si je tient le coup, il m'aidera à me tirer d'ici ! euh."
Djeffh l'observe de nouveau, avec pessimisme, et d'une manière interrogative, avant de retourner à ses pensées.

Une cloche sonne. Les gardes et les veilleurs se mettent en place devant les barreaux des cellules. L'un d'entre eux hurle en s'adressant aux détenus :
-"C'est l'heure de la sortie ! Pas de conneries comme hier, sinon les coups de matraque vont pleuvoir et vous passerez l'après midi dans vos cellules ! Ouvrez les lourdes !!"
Denis accourt devant la grille, près à sortir. Il se tourne vers Djeffh :
-"Emmène toi, je te présente aux gars !"
Les deux jeunes hommes sortent de la cage et descendent les marches, puis Denis conduit Djeffh jusqu'à la cour, à l’extérieur.
-"Cześć les gars, 'Mozg' comment ça va ? Boris, euh. Bonjour !", salut-il, avant de pointer du doigt un homme musclé, lui aussi habillé en rouge :
"Mec regarde. Lui, avec le débardeur, c'est Sergei. Le bigboss du gang des Russes. Ils dirigent tout ici, on rêve tous secrètement de lui éclater les dents, mais les membres du gang sont trop nombreux. Vaut mieux les avoir en amis, tu vois ? Il arrive, laisse moi lui parler."
Le colosse s'approche. Il est grand, carré, et a une démarche solide. Son visage est très abîmé, il a une barbe, et une grande cicatrice traversant son sourcil gauche. Ses cheveux sont rasés court sur l'intégralité du crâne, et un tatouage de l’emblème soviétique est visible sur la partie supérieure de son bras gauche.
-"Qu'est ce que tu fous ici, D-Tatt ? J’espère que tu as mon blé, sinon tu va finir en robe, mon mignon."
-"Euh. Ouais j'ai tout l'argent, tiens ! 420PLN, je te donnerais le reste aujourd'hui, promis ! euh."
-"Ahahaha. J’espère pour toi. Hé, toi le nouveau, tu sais comment ça se passe ici ?"
Djeffh ne répond pas. Denis prend la parole :
-"Euh, non attend, je vais lui expliquer, Sergei !"
-"Qu'est ce que tu attend, dépêche toi !"
-"Euh oui ! Bon, lui c'est Sergei, le boss des Krasnyy Zmeya *. Si tu veux éviter les ennuis, tu vas devoir bosser pour lui, et en échange d'un peu d'argent, ils te protégeront des autres gang. Pour reconnaître les Zmeya, c'est simple, ils sont tous habillés en rouge. Moi, je suis tatoueur, c'est ça mon travail. L'argent, c'est la clef de la survie ici, si tu refuses de bosser... Tu finiras dans 'le couloir du vice', et tu serviras de pute aux autres... Les gars de Sergei te trouveront un tee-shirt rouge, je m'occupe de tout. Désolé de te le dire comme ça, ici c'est la jungle. Alors tu sais comment tu vas gagner du fric, euh?" (*serpent rouge)
Djeffh lance un regard froid à Sergei, et ne baisse pas les yeux. Sans prononcer un mot, il en dit long sur ce qu'il pense.
Le russe sourit et répond d'un ton vantard :
-"Haha. Je te laisse jusqu'à ce soir pour te trouver une activité. Passé ce délais, tu pourra dire adieu à ta virginité anale ! Allez. Bonne journée les filles. Hahaha."


Cette prison paraît très étrange à Djeffh. Il pensait être enfermé dans une sorte de goulag, pourtant cet endroit n'y ressemble en rien.
Djeffh et D-tatt marchent ensemble, et longent les grilles qui forment les limites de leur cour, avec celle des prisonnières. Au loin, les grands murs en béton entourent intégralement l'endroit. L'herbe sur le sol est irrégulière, et n'a sans doute pas été entretenue depuis longtemps. Des petits tas de graviers sont éparpillé un peu partout dans la cour.
Denis parle, Djeffh l'entend, mais ses pensées l'occupent bien trop et il ne retient pas ce qu'il lui explique. La pause se termine quand la cloche retentis d'un son puissant, suivie d'un écho qui vient étrangement résonner dans la cour.
Djeffh semble surpris par ceci et reste figé quelque secondes, semblant s'interroger sur ce qui lui semble être anormal.
Denis s'avance et le questionne :
-"Quelque chose ne va pas ?!"
La cloche s'interrompt, et le silence reprend place.

 

 

Alexey et Natasha sortirent par l'entrée principale du bâtiment, où Gwidon les attends.

Cyryl s'empressa de les rejoindre à l'extérieur et attrapa Alexey par l'épaule.

-"Alexey, ça va aller ? Je... Je sais ce qu'on ressent, quand on perd quelqu'un d'important."

Malgré lui, Cyryl se confia à Alexey sans raison apparente.

"J'ai perdu ma mère quand j'étais jeune... Au début, elle avait juste des sautes d'humeur. Puis elle a commencé à dire des choses sans aucun sens et à agresser des gens dans la rue... Elle était psychotique. Qu'est ce que j'aurai pu faire, putain ?!" finit-t-il en serrant les dents.

Cyryl respire fort. Depuis qu'Alexey et lui se connaissent, il ne l'a jamais vu comme ça. Cyryl, qui semblait habituellement si solide et inébranlable, parait aujourd'hui encaisser difficilement le poids des souvenir. Il reprend la parole :

-"Enfin... Tout ça pour dire que... Je connais ça. C'est dur. Mais tu t'en sortira. Tu verra, ce n'est qu'une question de temps."

Cyryl regarde Alexey droit dans les yeux, tout en hochant la tête comme pour renforcer ses dires, puis retourne à l'intérieur.

Alexey, Natasha et Gwidon montent en voiture. 

Le trajet parait long pour le garçon, et il se remémore des moments passés avec son ami Maciej. 

La colère prend peu à peu le dessus sur la tristesse. Il en veut à la terre entière, et s'en veut aussi à lui même. 

En regardant par la vitre du véhicule, il voit un groupe d'amis jouant avec un ballon. Il aimerait leur faire vivre ce qu'il endure. Alexey se sent mal, et ne supporte pas l'idée que des gens puissent être heureux. Il ordonne à Gwidon qui conduit :

-"Arrête la voiture !"

-"Quoi ? On est a 500 mètres !"

-"Arrête la voiture !!"

Gwidon s'exécute et Alexey sort du véhicule. Natasha le suivit précipitamment

-"Alexey, où vas-tu ?!"

-"Laisse moi !" cria-t-il en partant rapidement

-"Alexey !" appela-t-elle un dernière fois avant qu'elle ne le perde de vue.

Il emprunta une allée bondée de monde et mit un violent coup de pied dans une poubelle qui se renversa et roula, avant d'hurler :

-"Putain !"

 

 

Alors que la nuit tombe, Natasha s'inquiète de ne pas voir Alexey revenir chez lui. Ewa entre dans la chambre, et referme la porte derrière elle :

-"Il faut qu'on parle." affirme la sœur d'Alexey, d'un ton agressif.

-"Qu'y a t-il?" demande Natasha, remarquant une certaine colère.

-"Je ne connais pas exactement la nature des activités de mon frère, mais je ne suis pas dupe ! Tu sais ce qu'il fait, tu sais qu'il vend des produits illégaux, qu'il fait des choses dangereuses, qu'il utilise des armes à feu et sans doute même qu'il a déjà tué des gens, mais tu ne dis rien? Tu ne l'empêche pas de faire ça ? Quelle genre de petite amie es-tu ?!" questionne Ewa, énervée et les yeux plein de larmes. Un court silence s'installa, Ewa soupira avant de reprendre

"Je t'apprécie beaucoup Natasha, tu le sais, mais je ne supporte pas voir mon frère changer comme ça ! Tu en sais surement plus que moi, et je ne comprend pas pourquoi tu ne t'oppose pas à tout ça !"

Natasha reste muette. Elle ne sait quoi répondre, et sait qu'Ewa a raison. Mais c'est le choix d'Alexey. C'est lui qui a choisit cette voie. Elle ne se sentirait pas capable de changer sa détermination. Elle qui sait tout de son parcours, de ses efforts pour en arriver là, elle ne pourrait pas contredire Alexey. Et, elle-même n'a connu que cet univers sanglant et sans pitié, elle n'a aucune idée de ce à quoi pourrait ressembler une vie honnête. Et les exemples qu'elle a put croiser ne l'encourage pas du tout. 

 

 

La nuit tombe. Des hommes du Korpus parcourent les rues annonçant le couvre feu. Alexey n'y prête pas attention et continue de marcher sur un trottoir, seul, et toujours plongé dans ses souvenirs douloureux. Deux gardes s'approchent de lui, l'un d'eux lui dit :

-"Monsieur ! Couvre-feu. Rentrez chez vous."

Remarquant qu'Alexey les ignore, le premier fait un signe de tête au second, qui sort une arme et s'avance jusqu'à lui. 

Alexey s'arrête alors net de marcher, et le regarde.

-"Qu'est ce que tu veux, toi ?", agresse t'il le garde armé.

-"Baisse d'un ton, paysan. Rentre chez toi ou j'te plombe." lança-t-il, puis ria cyniquement, avant de se tourner vers son collègue, lui aussi hilare. Alexey fronce les sourcils et s'élance sur l'homme, saisi son arme, avant de lui tirer une balle dans la gorge et d'aligner le second garde d'une balle en pleine tête avant que celui ci n'ai le temps de dégainer. Du sang gicle et s'écoule sur le trottoir.

-"Paysan." grogne Alexey, crachant au visage du corps inerte a ses pieds.

"Sa vous suffit pas de..." son visage se ferma brutalement. Ses yeux se remplirent de larmes.

"Et puis merde !" cria-t-il en tentant de se ressaisir

 

Le lendemain, très tôt, après avoir passé la nuit dehors, Alexey se présente devant la bâtisse de Mikolaj.

Il entre dans le bâtiment, épuisé, et aperçoit Cyryl et Filip, déjà sur place, installés autour d'une table dans la cuisine.

Ils lui font signe de venir et Alexey les rejoins.

-"Tu as l'air fatigué. Tu as dormis?", questionne Filip.

Alexey hoche négativement la tête.

Le jeune homme s'installe, et Cyryl lui sert un verre. D'autres membres sont dans le salon.

Mikolaj et Bogumil, suivis de Bogdan et d'autres membres de la famille, passent dans la cuisine pour faire une annonce dans le salon. Alexey se leva et suivit le groupe, avant de passer devant l'attroupement qui s'était formé autour de Mikolaj, au fond de la salle. Celui-ci observe Alexey, remarque sa fatigue plus que visible, puis prend la parole.

 

-"Mes amis, aujourd'hui nous avons beaucoup de travail. Tout d'abord, un de mes contact au Nord de la ville a repéré un camion trimbalant 2 tonnes de clopes. Iwan et moi avons organisé la mission de manière à ce que la marchandise soit ici dès ce soir. C'est relativement simple. C'est un camion surveillé. Il arrive du Nord du pays et va jusqu'au sud, s'arrête plusieurs fois, a différentes tours de contrôle où des hommes vérifient la validité de leurs papiers. Une quinzaine de gardes du korpus tout au plus seront dedans et autour du camion, armés. Lorsque le camion entre dans la région, il s'arrête au centre de contrôle. En principe, les gardes repartent tout de suite après le contrôle. Voilà comment on procède :

Antoni et Gwidon sont au centre de contrôle en ce moment même, et éliminent les traînards qui y sont. Ils vont se faire passer pour les contrôleurs et vont faire en sorte que les gardes du camion ai des autorisations invalides. Ils les inviteront à manger à l'intérieur le temps de régler leur problème d'autorisation. Donc Alexey et Cyryl, vous profiterez du moment pour récupérer le camion."

Alexey l'interrompt :

-"Ouais c'est un jolie plan. Mais qu'est ce qui te fais croire que les gars du KBW vont laisser les clefs du camion sur le contact?", lance-t-il

Mikolaj sourit et rengaine :

-"Effectivement. Ta réflexion me plait beaucoup. C'est donc la raison pour laquelle vous aurez besoin d'un spécialiste du vol de véhicule. Bogdan, tu vas avec eux."

-"J'aurais mieux fais de fermer ma gueule." marmonne Alexey.

Bogdan ne semble pas très enchanté non plus, mais ne fait aucune remarque.

 

 Alors que Mikolaj donne des ordres pour d'autres missions, Cyryl dirige la troupe vers la voiture. Il donne une arme à Alexey et Bogdan, puis monte  au volant. Alexey est étonné qu'une mission lui soit attribué aussi vite, surtout après les récents événements. 

Ils doivent être au centre de contrôle peu avant midi, l'heure à laquelle le camion passera. Le soleil tape fort et la température ambiante monte rapidement. 

Durant le trajet, Alexey ignore volontairement Bogdan, malgré son envie de lui fracasser le visage sur la vitre.

Alors que le calme a prit place dans la voiture de Cyryl, Bogdan semble soudain pris d'un fou rire.

Alexey le questionne :

-"Qu'est ce que t'as à rire ? "

Bogdan s'arrête puis lui répond :

-"Je viens de comprendre ! En fait t'es un malin ! Tu as joué le héro avec la blondasse, et  maintenant tu te la tape, hein? Malin, malin !"

-"Ferme ta gueule. Quand tu saura traiter une femme avec respect tu pourra me faire des remarques."

-"Eh ben elle a dut en voir passer, du respect, hein !"

Cyryl l'interrompt :

-"Ca suffit ! Encore une remarque du genre et on te laisse sur la route, Bogdan !" déclara-t-il fermement en le regardant dans le rétroviseur.

Alexey se réinstalle correctement puis renvoie à Bogdan :

-"Moi, ma gueule me permet d'avoir une copine."

 

 

 

     Djeffh et Denis rejoignent leur bâtiment.
-"J'ai entendu dire que tu es Français ? Tu sais, si tu crois que les prisons en Pologne sont comme chez toi, tu te trompes... Ici les gardes sont pas des rigolos... Enfin si tu es avec les Zmeya, tu ne craint rien. Les russes ont tout les pouvoirs, et ce sont eux qui dictent les règles. Ils enfreignent les lois passibles de peine de mort, comme faire prostituer des personnes, mais le KBW ne dit rien... Parce qu'ils sont soudoyés, mais surtout parce qu'ils ont peur aussi. Si tu savais le nombres d'armes que possède le gang ici... D'ailleurs je serais pas surpris que l’Etat cache l'existence de cette prison au peuple. Tout le monde a peur des Zmeya... Crois-moi, te faire entrer dans ce clan, c'est la meilleure chose que je puisse faire pour toi ici. Euh. A midi, on rejoins le self pour manger, et l'après midi, les cellules sont ouvertes jusqu’à l'heure du couvre feu. Euh. C'est à ce moment qu'on doit bosser pour amasser du fric. Tout un système économique a été mis en place par les gangs, dans le but d'avoir le pouvoir. C'est très compliqué... Normalement, les matons devraient nous envoyer aux travaux forcés... Casser des briques, réparer des bâtiments, coudre, enfin tu vois ? Mais ils s'en battent les couilles."

Les prisonniers rentrent dans leurs cellules respectives, et les grilles se referment d'un grincement strident, accompagné des bavardages entre détenus, le tout propageant un bruit assourdissant.
Le calme reprend peu a peu sa place.
Djeffh s'installe sur le banc, et croise les bras, encore pensif.
Denis soupire et s'installe sur le lit, tend son bras sous celui ci, et ramasse un livre, qu'il ouvre.
-"C'est dur de pas déprimer ici, tu vois... La plupart des gars deviennent fou dès la première semaine. Certains jouent aux cartes pour passer le temps. On peut aussi discuter... Euh. Enfin si tu veux, mais c'est pas trop ton truc je crois. Dans mon cas, j'ai ça : la Bible catholique. Ça me maintient en vie... Dieu est bon, il m'a aidé de nombreuses fois et..."
Djeffh l'attrape par le poignet, le coupant dans ses paroles, puis lui lance un regard noir, avant de répondre :
-"Dieu... Est un fils de pute."

 

 

     Presque une heure a passé. Cyryl se gare derrière des buissons. Le centre de contrôle est de l'autre côté de la route, à une centaine de mètres. Ils aperçoivent Gwidon et Antoni qui sont installés, avec chacun une tenue de contrôleur, installés dans les cabines longeant la route.

-"Jusqu'à présent, tout à l'air de s'être bien passé. Espérons que ça continue." commente Cyryl. Les trois hommes partent à pieds.

Ils n'auront pas attendu longtemps puisqu'ils voient déjà au loin le camion de marchandise arriver. Un grand véhicule blanc, très long, avec sans doute une dizaines d'autres hommes à l'intérieur. Le chauffeur arrête son camion devant les cabines où se trouvent Gwidon et Antoni.

Gwidon s'approche en premier et salue amicalement les gardes, demandant leurs papiers.

-"Bonjour messieurs ! Pas trop long le trajet ? On vérifie vos papiers rapidement et on vous laisse partir."

Les hommes du Korpus acquiesce, en souriant, ne se doutant de rien.

"Ca alors, c'est pas commun !", s'écrie Gwidon récupérant le passeport de l'homme côté passager. 

Celui ci questionne, en riant :

-"Un problème ?"

Gwidon acquiesce :

-"Oui. Désolé, nous allons devoir vous faire perdre du temps. Ce passeport parait plutôt vieux, et nous avons ordre de vérifier que ce ne soit pas un faux. C'est les nouvelles règles, arf ! L'Etat ne veut prendre aucun risque, vous le savez surement aussi bien que moi."

Le passager répond :

-"Mince alors. Vous en avez pour longtemps?"

-"Je ne saurais trop vous dire. Je dois voir ça avec mon supérieur, et il est en pause. Bon, vous savez quoi ? Allez déjeuner à la cafeteria ! Je vous offre le repas, c'est normal."

Les hommes du Korpus semblent satisfait :

-"Ah merci beaucoup ! Allez les gars, c'est la pause !" affirme le conducteur, descendant du véhicule, et ouvrant la porte arrière du véhicule d'où sort une dizaine d'hommes.

Antoni et Gwidon leur montre le chemin, et les accompagnent à l'intérieur.

Cyryl se redresse, et observe partout autour. Il ne voit plus personne arriver de la route, c'est le bon moment.

Les trois hommes quittent leur cachette, et rejoignent le camion. La porte du côté conducteur est encore ouverte, mais ils ont pensé à enlever les clefs.

-"Bogdan, à toi de jouer." affirme Cyryl.

Alexey fais le guai, alors que Cyryl et Bogdan sont concentré sur le démarrage du camion, ne prêtant plus attention à ce qui se passe autour.

Soudain, il aperçoit un garde du Korpus, le conducteur, ressortir du bâtiment suivis de prêt par Gwidon qui lui dit :

-"Ce n'est pas très grave, vous verrez ça plus tard !"

-"Je préfère jouer la sécurité, sait-on jamais. Je ferme juste la porte a clef et je vous rejoins." affirme le garde.

Alexey le remarque et s'empresse d'alerter ses deux complices :

-"Un mec se pointe ! Tu peux démarrer ?"

-"Nan ! C'est un système plus complexe qu'une voiture ordinaire, hein ! J'y arrive pas..." grogne Bogdan, stressé.

Alexey ferme la porte du camion, et reste seul à l'extérieur. Il se réfugie rapidement derrière le véhicule, en faisant attention de ne pas se faire repérer. Il dégaine son arme et attend l'arrivée du garde.

 

-"Ne bouge pas !!" hurle Alexey à l'homme, en prenant un accent russe, pointant son arme sur sa tempe, et prenant soin de rester dans son dos pour qu'il ne puisse pas voir son visage.

-"Doucement ! Que... Que voulez-vous?" demande le garde, paniqué.

-"Donne moi les clefs, et enlève ta veste !"

-"Q-Quoi?"

-"Fais-le !!" ordonne Alexey.

Le garde s'exécute et lui tend sa veste ainsi que la clef.

Le jeune homme s'empresse d'enrouler la veste autour de la tête du conducteur, pour lui masquer la vue, et le fait tomber à terre d'un coup de pied. Il grimpe dans le véhicule, et démarre énergiquement avant d'accélérer et de quitter les lieux à toute vitesse, au volant du véhicule.

 

Cyryl n'en croit pas ses yeux :

-"Bravo gamin ! Bien joué !"

Bogdan fait la mou :

-"Ouais... Pas mal, hein."

Alexey semble satisfait et répond, toujours avec l'accent russe :

-"Merci camarade."

-"Cet accent russe est vraiment dégueulasse par contre !" affirme Cyryl, en riant.

-"Pas grave. Ce qui compte, c'est que bientôt les gars d'Andreinov vont voir tout le KBW débarquer dans leursplanque."

Cyryl acquiesce en souriant.

Malgré la fatigue, Alexey à su gérer la situation, très stressante, sans problème.

 

 



26/06/2014
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